A l’époque des querelles et promesses sur nos salaires, un point sur leur calcul et leur évolution récente peut être utile…
NB : on ne concentre dans cet article que sur le traitement (à l’exclusion des primes et HS)

Comment mon salaire est-il calculé ?
Le salaire brut est déterminé par deux éléments : la grille indiciaire et le point d’indice.
Le point d’indice, identique pour toute la fonction publique, donne une sorte de mesure unitaire des salaires. Sa valeur actuelle est de 4,686025 €. La grille indiciaire, construite par catégorie de personnel, donne le nombre d’« unités » permettant de calculer le salaire selon le corps, le grade et l’échelon.
A titre d’exemple, un certifié de classe normale à l’échelon 6 est rémunéré à l’indice (« INM ») 492, soit un salaire annuel de 492 x 4,686025 = 2305,52 € bruts.

Il existe donc deux méthodes pour revaloriser le salaire d’un enseignant :
  Augmenter le point d’indice, ce qui revaloriserait en fait proportionnellement l’ensemble des fonctionnaires
  Augmenter les indices de la grille indiciaire.
(toutes les grilles).

Et les primes alors ?
Le calcul précédent n’inclut pas les primes comme l’ISOE, les HSA, … On pourrait donc imaginer une revalorisation par le biais de l’augmentation d’une prime (comme par exemple l’ISOE fixe) ?
Cela serait oublier d’une part qu’une telle opération viendrait sans garantie de durabilité : le montant des primes n’est pas gravé dans le marbre.
Par ailleurs, les revalorisations du point d’indice ou dans la grille concernent l’ensemble des collègues tandis qu’une prime est potentiellement individualisable. Par exemple l’indemnité compensatrice de CSG est totalement individuelle.
Enfin n’oublions pas que dans la Fonction Publique, les primes ne sont pas prises en compte dans le calcul de la pension et sont donc moins intéressantes sur le long terme, à montant égal, qu’une augmentation salariale.

Et le salaire net ?
Le passage du salaire brut au net s’effectue en ôtant les cotisations salariales :
  Retenue PC : 11,10 % du salaire brut
  CSG : 9,20 % de 98,25 % du salaire brut
  CRDS : 0,50 % de 98,25 % du salaire brut

Mais alors pourquoi mon salaire baisse ?
En 2018, le taux de la CSG a été augmenté de 7,5 % à 9,2 %, tandis que les cotisations maladie et chômage ont diminué. Le gouvernement avait largement communiqué sur l’équilibre entre ces deux évolutions qui se compensaient… dans le privé. Mais pour les fonctionnaires, qui par nature ne versent pas de cotisation chômage, l’opération n’était pas neutre et a fait diminuer le salaire net pour un même brut.
Le gouvernement a alors sorti de son chapeau l’indemnité compensatrice de CSG, pour ramener le nouveau salaire au niveau du précédent… Mais le calcul a été fait sur le salaire en 2018 puis revalorisé et figé en 2019. Si je change donc d’échelon ou de grade après cette date, cette indemnité ne compense plus qu’une partie de la différence.

Plus important, la retenue PC (Pension Civile, autrement dit la cotisation retraites) a augmenté chaque année de 2010 à 2020 pour passer de 7,85 % à 11,10 %. Et pas d’indemnité compensatrice cette fois !
Un fonctionnaire resté au même échelon, donc au même salaire brut, aura vu son net baisser d’année en année dans cette période.

Et le pouvoir d’achat ?
Le pouvoir d’achat est le rapport entre les revenus d’une personne et le prix de ce qu’il consomme. Or ce dernier subit l’inflation : par exemple 0,5 % en 2020. Cela signifie qu’à salaire égal, une personne consomme moins : son pouvoir d’achat diminue.
Pour compenser, il faudrait que le salaire augmente chaque année à hauteur au moins égale à l’inflation. Mais le fameux point d’indice dont on a parlé plus haut est quasiment gelé depuis 2010 ! Il n’a été augmenté qu’une fois en 2016 : une hausse de 1,2 % tandis que de 2010 à 2020 l’inflation cumulée était de 10,6 % (source france-inflation.com).

Mais on a été revalorisés, quand même !?
Le PPCR s’est appliqué entre 2016 et 2017 : hausse de 1,2 % du point d’indice, quelques points d’indice supplémentaires dans les grilles et quelques transferts de primes vers des points de salaire. Mais comme on l’a vu, la hausse du point d’indice et les points supplémentaires n’ont pas rattrapé l’inflation, et le transfert primes-points change uniquement le calcul de la pension, pas le salaire.
(détails sur le PPCR).

La prime d’attractivité a été créée en 2019 mais elle ne s’applique qu’aux collègues des tous premiers échelons et pas à tous…

Alors du coup ?
« Revalorisations » minimalistes, discussions sur des futures revalorisations assorties de travail supplémentaire, gel du point d’indice, hausse des cotisations…. En grève le 23 septembre !