L’étymologie des mots en dit parfois plus long qu’un discours :
Le « management » est l’action de « manager », verbe qui nous vient de l’italien « maneggiare », dresser un cheval en le faisant tourner dans un manège. Or, le néo-management est précisément l’une des techniques utilisées par nos dirigeants pour « faire évoluer la fonction publique ».

Un comble dans l’Éducation Nationale, sachant que « Éducation » vient du latin educatio, du verbe ducere (conduire) et de l’adverbe-préposition ex (hors de). Difficile d’aider les élèves à se surpasser, quand soi-même on est condamné à tourner en rond...

Mais à force de tourner en rond, ne devient-on pas fou ? Si ! Et pas seulement les profs. Le dernier groupe de travail qui a eu lieu au rectorat, consacré à l’examen de la future note de service sur les mutations intra 2017, constitue un cas d’école.

Les règles du mouvement sont adaptées par le rectorat pour satisfaire des indicateurs ministériels : par exemple l’instauration de clauses kilométriques pour le rapprochement de conjoints, ce qui décourage les demandes et permet d’afficher un meilleur taux de satisfaction.
Les règles sont également adaptées pour tenter de faire face en urgence à des problèmes de fond : par exemple un recrutement en REP+ sur profil pour éviter que les collègues affectés dans ces collèges n’explosent en vol.

Les organisations syndicales pointent bien sûr les limites des mesures annoncées, qui ne règlent en rien les problèmes de fond. Le SNES demande systématiquement l’abrogation ou le remplacement des règles problématiques, la nécessité de mesures en amont.

Si par le passé nous avons réussi à faire évoluer des éléments de barème dans le bon sens, cette année, nous nous heurtons à un refus catégorique de l’administration, tout juste capable de nous opposer un argumentaire en boucle. Trois heures de discussions très agitées pour rien.

Les représentants syndicaux, pourtant habitués à être maltraités, ont décidé de ne pas en rester là... Mais dans les mois qui viennent, ce sont les personnels du rectorat qui devront gérer un mille-feuille chaque année plus épais. Toujours plus de tâches, toujours moins de postes : eux aussi sont guettés par le burn out.