L'ÉTERNEL RETOUR

La cour des comptes, dans son rapport du 04 octobre 2017 sur l’Éducation, émet des préconisations semblables en tous points à celles des précédents rapports : il faut faire travailler plus les profs et dépenser moins ! Éternel retour des vieilles recettes, on nous rejoue le film des profs fainéants et incompétents. Une raison de plus pour descendre dans la rue le 10 octobre !

Le gouvernement actuel a une étonnante capacité à recycler le vieux pour faire du neuf. On pourrait se croire au début de l’ère Sarkozy, à ceci près que le rythme des réformes est encore plus rapide et le contenu encore plus violent. Baisse des dépenses publiques, allégements d’impôts pour les plus riches et augmentation des prélèvements pour les autres, démantèlement des droits des salariés : ces vieilles recettes sont présentées comme une politique innovante avec un cynisme rarement égalé.

La cour des comptes, organisme soit-disant indépendant, vient de donner un coup de pouce au gouvernement avec son rapport au titre éloquent : « Gérer les enseignants autrement : une réforme qui reste à faire ». Précisons que le président de la cour des comptes n’est autre que Didier Migau, le père de la réforme de la LOLF… c’est dire s’il est éloigné de toute pensée libérale !

Le rapport émet 12 préconisations, dont 11 ont déjà été formulées dans un rapport précédent datant de 2013, sans avoir été suivies d’effet. Sans se demander quelles sont les raisons pour lesquelles son rapport est resté lettre morte, la cour des comptes insiste :

 Les obligations de service des profs doivent être revues à la hausse : annualisation du temps de travail (= récupération des jours fériés, des journées de stage, d’examens...), obligation de suivre des formations et d’effectuer des remplacements de courte duré. L’attaque est frontale et relève de la même logique que les ordonnances sur le code du travail… Pour autant, les considérations matérielles d’emplois du temps risquent bien de mettre un frein à ces préconisations, comme ce fut le cas pour les remplacements de courte durée, officiellement obligatoires mais de fait basés la plupart du temps sur le volontariat.

 Les échanges de services entre primaire et secondaire sont préconisés, ainsi que la bivalence, voire la polyvalence des profs. Paradoxe énorme alors que nous arrivons à peine à l’extinction du corps des PEGC, décidé par l’institution elle-même il y a quelques années ! Peu importe donc que l’école primaire échoue à apprendre les rudiments à 40 % des élèves : son modèle doit être étendu au collège.

 La nécessité d’une plus grande autonomie des chefs d’établissement est réaffirmée : il faudrait les laisser créer des postes à profil et recruter eux-mêmes leurs personnels. Le fait que des postes à profil restent vacants dans les zones non attractives a dû échapper à la sagacité de la cour… tout comme la crise de recrutement majeure qui frappe l’Éducation Nationale.

Mais c’est la treizième recommandation la plus lourde de sens : « Lier la mise en œuvre de l’ensemble des mesures indemnitaires et de carrière aux économies procurées par la rationalisation de l’offre de formation et par une meilleure gestion des effectifs enseignants ». Ça tombe bien, le gouvernement voulait justement supprimer des postes dans la fonction publique et réformer le lycée dans cet objectif !

Ceux qui cherchaient encore une bonne raison de se mobiliser le 10 octobre l’auront peut-être trouvée.