13 décembre 2018

Sections départementales

Réforme du lycée Blanquer : le lycée Aragon d’Héricourt dans l’action !

Réforme du lycée Blanquer : le lycée Aragon d'Héricourt dans (...)

Monsieur le Député,

Nous, professeurs du lycée Aragon à Héricourt, tenons à vous alerter sur la situation particulière de notre établissement. L’application de la réforme des lycées l’année prochaine nous plonge dans le désarroi.

En effet, la situation géographique et sociale singulière de notre établissement suscite des inquiétudes et interrogations.
Tout d’abord, nous craignons que la réforme n’aboutisse à une fuite de nos élèves, contraints de partir à cause de la restriction de l’offre des choix de spécialités telle qu’elle nous a été présentée il y a deux semaines. Pire encore, nous constatons qu’un bon nombre d’entre eux se prépare à choisir une spécialité par défaut, renonçant ainsi à une orientation cohérente et mûrement réfléchie. L’enquête statistique que nous avons d’ailleurs menée auprès de nos Secondes nous conforte dans nos craintes puisqu’elle révèle que 23,5% des effectifs envisagent de quitter le lycée tandis que 30% renonceraient à leurs choix initiaux. Nous souffrons donc de l’inégalité de traitement entre les grandes villes qui pourront avoir recours à la mutualisation et les lycées isolés, plus modestes, qui se voient ainsi condamnés !
Par ailleurs, la mise en œuvre de la réforme va amener à une dégradation de nos conditions de travail en tant que professeurs, et ce, au détriment des élèves. En effet, nous allons passer à des divisions systématiquement pleines, ce qui signifie des classes à 35 élèves minimum, allant à l’encontre de l’esprit de la réforme qui se targue d’un meilleur encadrement et d’un accompagnement toujours plus personnalisé. En outre, la précipitation de la mise en œuvre des nouveaux programmes nous oblige à préparer plusieurs niveaux en même temps, ce qui est quelque peu méprisant pour notre travail. Il semble que le ministère de l’Éducation Nationale n’ait guère conscience de la charge que cela représente. Nous nous alarmons aussi face aux doutes qui planent toujours sur les épreuves du baccalauréat : quid du « Grand Oral » ou du « Chef d’Œuvre » pour la filière professionnelle ? Comment préparer efficacement nos élèves alors que rien ne vient nous éclairer ? Il nous apparaît également difficile d’orienter sereinement nos élèves sans connaître les pré-requis exigés par l’université et par les différentes filières auxquelles ils se destinent.
Enfin, la voie professionnelle subit elle aussi des dégâts. Les élèves perdent en effet 4,5 heures de cours par semaine surtout en enseignement général, ce qui risque de rendre l’accès au BTS d’autant plus difficile. De surcroît nous appréhendons le regroupement par familles de métiers qui risque de retarder la spécialisation en Première.

A la lumière de ces différents éléments, il nous paraît indispensable que le lycée puisse proposer les enseignements de spécialité suivants, en sus de ceux qui nous ont été proposés : Histoire géographie, géopolitique et sciences politiques ; Sciences de l’ingénieur. Quant aux options, nous souhaitons l’ouverture de Sciences de laboratoire.

Vous l’aurez compris, Monsieur le Député, notre inquiétude est vive et légitime et nous espérons un geste de votre part qui permette à notre lycée de survivre à la réforme dans des conditions satisfaisantes pour les élèves, leurs parents et les professeurs. Sinon, comment prétendre à une « École de la confiance » ? Nous réclamons donc plus de justice et d’égalité, valeurs de l’école de la République auxquelles nous sommes particulièrement attachés.

Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de nos sentiments respectueux.

L’équipe éducative et enseignante du lycée Aragon