Depuis un certain temps, on marche sur la tête dans les établissements scolaires :

  • Dans le collège X*, un élève introduit une arme de catégorie D ? Il n’est pas puni…
  • Dans le collège Y*, un élève fait une apologie de génocide dans l’une de ses copies ? Pas de sanction envisagée… mais le prof se voit reprocher d’avoir abordé des « sujets conflictuels » !
  • Dans le collège Z*, des élèves insultent des surveillants ? Aucune réaction… Ils insultent des profs ? Toujours rien...

Comment en sommes-nous arrivés là ? Les tensions sociales de plus en plus palpables, dont l’École est la caisse de résonance, tout comme une dégradation de nos conditions de travail expliquent cette situation. Mais l’institution a une part de responsabilités considérable dans cette évolution.

En effet, le plus souvent, tout commence par le fait qu’un certain nombre d’élèves perturbe le bon déroulement du cours dans des classes surchargées, hétérogènes, difficiles à mener. On pourrait alors s’attendre à du soutien de la part des équipes de direction, des IPR, du rectorat ? Pas du tout ! D’abord, parce que le chef d’établissement ne veut pas faire de vagues : cela ferait monter ses indicateurs, ce qui serait mauvais pour sa carrière et sa prime ! Ensuite, parce qu’on lui a dit lors de sa formation que le prof est une espèce récalcitrante qu’il ne faut jamais écouter. Il doit imposer sa façon de voir les choses. Il fait donc comprendre à la personne concernée que c’est son incompétence qui génère les difficultés, et qu’il faut réformer sa façon d’aborder les élèves (cesser d’être si rigide !) ; ensuite, le chef d’établissement demande à l’IPR de venir inspecter la personne en question, si elle tarde à appliquer ses conseils ; et pour finir, l’IPR vient pour une inspection-sanction (la plupart maîtrise admirablement toutes les techniques de cet exercice, toujours pratiqué après un passage dans le bureau du chef d’établissement : l’IPR tient à son indépendance d’esprit ! ).

Si cela ne suffit toujours pas, la personne peut être convoquée au rectorat pour un « entretien » où elle se retrouve seule contre deux : son IPR et un-e responsable des personnels. Dans bien des cas, cette séance est suivie du placement de la personne au dispositif PARADE, conçu pour les enseignants en difficultés. Le plus souvent, il n’y a pas de moyens pour aller au-delà d’un échange de pratiques, dont les limites sont vite atteintes (on s’y sent un peu comme aux alcooliques anonymes). Et tout continue comme avant… à ceci près que la personne a laissé quelques plumes dans l’aventure.

Le rectorat ne veut pas voir que ce sont nos conditions de travail (et les conditions d’études des élèves) qui génèrent les problèmes actuels. C’est plus pratique, cela permet d’éluder le problème des classes surchargées et de l’inclusion de tous types d’élèves dans des classes à modèle unique.

Il ne veut pas admettre non plus que les chefs d’établissements tout comme les IPR sont dans bien des cas incapables de gérer les problèmes, formatés comme ils le sont à n’être qu’une courroie de transmission des « réformes » qu’il nous faut avaler.

La seule réaction efficace de notre part ne peut qu’être collective : que ce soit vis-à-vis des élèves perturbateurs ou d’une hiérarchie dans le déni, seul un ensemble de collègues peut faire évoluer une situation difficile. N’hésitez pas à nous appeler, nous vous conseillerons la marche à suivre.

* Noms changés par la rédaction ! Vous aviez reconnu le vôtre ?