À la suite du CTA extraordinaire consacré à la crise sanitaire qui s’est tenu à la demande des organisations syndicales, celles-ci ont constaté, à l’unisson des remontées de terrain, le déni de réalité du rectorat concernant les problèmes rencontrés par les enseignants et leurs élèves.
Quelles précautions pour permettre aux lycéens de passer sereinement leurs épreuves du baccalauréat, qui débuteront le 16 juin, puis aux collégiens quelques jours plus tard celles du DNB ? Aucune :
- Actuellement, seuls 3 lycées (Belin à Vesoul, V. Hugo à Besançon et Jean-Michel à Lons) sont vraiment en demi-jauge comme préconisé par le ministère depuis la rentrée des vacances de Pâques, tous les autres accueillent beaucoup plus d’élèves, favorisant d’autant la circulation du virus.
- La règle de fermeture d’une classe dès le premier cas de Covid semble également ne pas être appliquée partout, de nombreux chefs d’établissement gardant le silence sur les chiffres de contaminations.
- Seulement 15% des autotests livrés ont été utilisés : aucune communication sérieuse n’a été faite auprès de la communauté scolaire pour expliquer la nécessité d’une telle mesure à un mois de l’examen. Pire encore, beaucoup de lycéens, angoissés à l’idée d’être positifs, refusent de se faire tester ; certains n’osent pas révéler qu’ils sont positifs pour ne pas porter la responsabilité de la fermeture de leur classe.
- Les aménagements d’épreuves du bac prévus par le ministère ne répondent pas aux angoisses des candidats ni aux problèmes de préparation à l’examen.
- Rien n’est envisagé pour pallier les inégalités de traitement entre candidats, qui n’ont pas pu bénéficier des mêmes conditions de scolarité dans tous les établissements cette année. La venue d’un inspecteur général, chargé de chapeauter les travaux de la commission d’harmonisation , est censée régler tous les problèmes...
Alors, danger sur le bac, et quelques jours plus tard sur le DNB en collège ? Mais non, mais non, tout va très bien : si un élève est malade dans la semaine précédant l’examen, seront déclarés « cas contacts » et ne pourront pas passer les épreuves uniquement les élèves à risque. Autant dire bien peu... Il n’est pas question non plus d’arrêter les cours suffisamment longtemps avant les épreuves afin de permettre un « auto-confinement » des candidats, comme le premier ministre l’avait préconisé avant les fêtes de Noël.
L’Éducation Nationale poursuit donc, à la veille des examens de fin d’année, la stratégie entamée depuis septembre : navigation à vue sans anticipation, sans mesure réelle de la situation et sans bien sûr de bilan des politiques menées. Comment s’étonner dès lors que les dysfonctionnements dans les établissements se soient accumulés, mettant entre parenthèses la démocratie ? Les règles de fonctionnement des établissements ont été jetées aux oubliettes, notamment la convocation des instances décisionnelles (Conseil d’administration, comité hygiène et sécurité) ou consultatives (conseil pédagogique, Conseil de vie lycéenne). Les tensions entre équipe de direction et enseignants, rejoints parfois par des élèves et des parents, ont par conséquent été fortes dans certains établissements. Le rectorat avoue avoir effectué une analyse de la situation... mais rien, absolument rien, ne doit filtrer !
La rentrée de septembre 2021 sonnera-t-elle le renouveau et une certaine prise de conscience ? Probablement pas : rien n’est prévu en termes sanitaires comme en termes pédagogiques, l’hypothèse retenue étant qu’en septembre, tout sera retourné à la normale... et tant pis pour les lacunes des élèves et leur mal-être : la rentrée se fera avec 75 postes en moins dans notre académie, malgré des besoins accrus.
Tout va très bien monsieur le recteur, tout va très bien, tout va très bien !