Peut-être avez-vous remarqué, dans les multiples courriels émanant du rectorat, celui qui signalait la création d’un poste de « chargé de mission sur le suivi des situations individuelles, adjoint à la direction des ressources humaines ». En d’autres termes, le DRH du rectorat se voit renforcé d’un adjoint dont le rôle essentiel sera de recevoir les collègues.
Qu’est-ce qui a déterminé cette décision de création de poste, fait rarissime en cette période de disette budgétaire ? Quel est l’esprit dans lequel se fera ce suivi ?
Ces années passées, l’exercice couramment pratiqué, parfois à la chaîne, a consisté à convoquer une personne devant plusieurs représentants du rectorat (DRH, IPR…) pour lui demander des explications, quelquefois même sans lui donner tous les éléments ayant conduit à la convocation. La plupart du temps, c’est sa façon de servir qui est remise en cause : problèmes récurrents dans les classes, problèmes relationnels avec la direction ou les collègues ou les parents...
Il est difficile d’imaginer que ce type d’entrevue constitue un remède adéquat. Les conditions mêmes de ces convocations sont très déstabilisantes ; tout est fait pour culpabiliser les collègues en les renvoyant à leur supposée insuffisance individuelle, sans véritable évaluation du contexte.
Tant que le ministère et les rectorats n’admettront pas que la multiplication de ces convocations a des causes structurelles, rien ne sera possible. Le ministère crée lui-même par ses réformes successives et ses injonctions paradoxales les pathologies liées au travail. La dégradation accélérée de nos conditions d’exercice du métier, le raidissement des équipes de direction et d’IPR sur des positions de principe arrogantes, la multiplication d’indicateurs inatteignables ont engendré une multiplication d’incidents et une augmentation des risques psychosociaux.
Sur le papier, l’affichage du Ministère est sans équivoque, déclarant 4 priorités nationales, que les académies sont invitées à adapter dans leurs programmes annuels de prévention. Les deux derniers concernent la médecine de prévention, notamment la prévention des risques psychosociaux. De plus, le ministère a désormais obligation d’assurer le suivi individuel des personnes malades. On peut toutefois se demander comment le ministère compte faire : 65 médecins de prévention pour un million d’agents… Dans notre académie (23 000 agents) comme dans 7 autres, il n’y en a même pas !
Quelle que soit la définition de ce nouveau poste de chargé de mission, ce n’est qu’un pis-aller qui ne résoudra aucun problème de fond. Seul le DRH, désormais déchargé de l’une de ses occupations les plus chronophages, voit le spectre du burn-out s’éloigner de lui...