Gabriel Attal a choisi le 5 décembre, jour de sortie des résultats des évaluations PISA pour présenter son « choc des savoirs ». Un remarquable coup de communication, pour faire oublier que PISA a suivi les élèves entre 2018 et 2022, ce qui peut constituer une évaluation de la politique Macron pour l’école.
Mais notre « bébé Blanquer » va plus loin, plus haut et plus fort dans l’enfumage : l’ensemble de son plan va à l’encontre des recommandations associées au rapport PISA !
Les principales analyses de PISA sur le système scolaire en France
◦ Performances : en baisse (comme beaucoup de pays à cause des confinements), position de la France dans la moyenne de l’OCDE.
◦ Inégalités scolaires : augmentation de la part des élèves en difficulté (légèrement au-dessus la moyenne), et diminution de la part des élèves avancés (en-dessous de la moyenne).
◦ Bien-être à l’école : plutôt positif, avec une bonne capacité d’autonomie et de motivation des élèves comparée aux autres pays.
◦ Climat de classe : moins bon climat de classe, moins de soutien et d’accompagnement des élèves que la moyenne des pays.
◦ Rendement de l’école : à performance égale, le coût par élève est modéré, légèrement au dessus de la moyenne.
◦ Personnel enseignant : très forte aggravation du manque d’enseignants, 47% des élèves se trouvent dans un établissement confronté à cette pénurie en France (pays parmi les plus touchés).
◦ Autonomie des équipes pédagogiques : indicateurs sont parmi les plus bas de tous les pays.
Les mesures annoncées par Attal au regard des recommandations générales de l’OCDE pour les politiques éducatives
• Groupes de niveau (déconseillé par PISA) : Le rapport signale que les pays performants n’ont pas recours aux groupes de niveaux entre les classes. Il précise qu’aucun type de groupes de niveau n’a de corrélation significative sur la performance moyenne, et que ces modalités sont liées à de plus grandes inégalités scolaires. Les classes qui favorisent la mixité sociale bénéficient à tous les élèves.
• Redoublement (PISA en recommande l’abandon) : tous les indicateurs étudiés mettent en évidence des effets négatifs, qu’il s’agisse des performances, de l’équité sociale, du bien-être, de la relation enseignant-élève. À performances égales, un élève de milieu défavorisé a 3 fois plus de chances de redoubler qu’un élève de milieu favorisé.
Les risques sont l’augmentation des tensions entre les familles et les enseignants, des inégalités sociales, du nombre d’élèves décrocheurs en fin de collège, alors que jusque là, la France se place plutôt au-dessus de la moyenne.
• Labellisation des manuels (déconseillé par PISA) : cette mesure réduit l’autonomie et le rôle des enseignants par un contrôle renforcé du ministère sur les pratiques pédagogiques. Elle risque d’accroître la défiance et ne permet pas de valoriser l’image et la reconnaissance du métier.
• Sélection par le brevet, travail d’orientation dès la 5e (déconseillé par PISA) : le rapport préconise d’éviter les sélections précoces, qui dégradent particulièrement les indicateurs concernant les élèves faibles (performances, estime de soi et motivation, relations enseignants-élèves, équité socio-économique).
Gabriel Attal va donc à contre-sens des recommandations faites par le rapport, et ses mesures, en plus d’être inefficaces et dangereuses, sont coûteuses en termes de moyens humains. Plus exactement, le ministre suit la feuille de route de Macron, appliquée à la lettre par Blanquer : l’objectif est clairement réactionnaire, et vise le retour à une école du tri social.