La revalorisation de la prime REP+ a été actée par un décret sorti le 28 juin 2021 et est présentée dans le BO du 1er juillet 2021, malgré un vote contre de l’ensemble des organisations syndicales lors du comité technique ministériel.
On pourrait se réjouir de cette revalorisation, mais il faut y regarder de plus près et la méthodologie utilisée interroge sur de nombreux points :
– la prime concerne toujours les mêmes personnels (décret n°2015-1087), les personnels AED, AESH, AVS... ne sont donc toujours pas concernés, alors même que les revendications en ce sens sont fortes et légitimes, ces personnels sont les moins bien rémunérés et ils travaillent au quotidien avec les enfants scolarisés en éducation prioritaire renforcée.
– le ministère divise cette prime en deux parts, une part fixe identique pour tous les personnels revalorisée à hauteur de 400€ net, et une part modulable, variant de 200€ à 600€ net, identique pour tous les personnels d’un même établissement (école, collège).
La concurrence ne se fera donc pas entre les personnels d’un même établissement mais entre les établissements, sachant que, dans une même académie, la répartition de cette part modulable se fera de la façon suivante :
- 25 % des personnels des établissements de l’académie recevront 600€ net,
- 50 % recevront 300€ net,
- 25 % recevront 200€ net.
– afin de départager les établissements, il faudra donc des critères ; trois ont été retenus :
1. Amélioration de la qualité du climat scolaire
2. Déploiement des dispositifs d’égalité des chances, d’alliances éducatives et de soutien à la parentalité
3. Mise en œuvre des temps collectifs de formation et de concertation
Il est difficile de ne pas faire de lien avec l’évaluation des établissements, pour laquelle, dans notre académie, les établissements REP+ ont été inscrits d’office par M. le Recteur, alors même que le ministre évoquait la nécessité de faire appel au volontariat des établissements.
Ce dispositif risque, une fois de plus, de cliver les équipes, dans des établissements souvent en difficultés et pour lesquels les deux dernières années scolaires ont été particulièrement compliquées. Les établissements REP+ sont déjà et depuis un certain temps des bassins d’expérimentation où toutes les « bonnes » idées issues du ministère sont testées, un tel dispositif ne risque pas d’arranger les choses : la carotte financière peut inciter des collègues à avoir envie de s’investir encore et encore dans de nouveaux projets, là où d’autres ne le souhaiteront pas et pourraient être accusés d’empêcher les premiers d’être valorisés financièrement à la hauteur de leur engagement...
Les personnels affectés en REP+ ne souhaitent pas en faire toujours plus, ils voudraient déjà pouvoir travailler dans de meilleures conditions, or les conditions se dégradent d’année en année, au fur et à mesure des effectifs classe en augmentation, des dotations horaires en baisse.
Alors non, la revalorisation de cette prime REP+ n’est pas vue comme une amélioration de la situation, d’autant plus, encore une fois, que certains personnels en sont exclus.
Sandrine RAYOT