Ceux qui auraient imaginé que la création des ESPE permettrait un autre type de rapports entre stagiaires et formateurs que l’autoritarisme habituel dans la maison Éducation Nationale vont être déçus.

Ceux qui auraient imaginé que la création des ESPE permettrait une approche pédagogique et didactique novatrice et efficace, loin des séances ennuyeuses de feu l’IUFM, vont être déçus aussi.

Le dernier épisode en date en est la preuve… Depuis le mois d’avril, les stagiaires sont pris dans un dialogue de sourds avec la direction de l’ESPE au sujet d’un devoir exigé par un formateur. Ce dernier leur a demandé, à rendre sous 15 jours, de se filmer durant une séance en classe et de faire une « description de la situation de difficulté, d’embarras, d’incompréhension, de surprise, de réussite » qu’ils doivent ensuite analyser en faisant état de « la nature du sentiment personnel, des émotions, vis-à-vis de la situation », en expliquant les « déterminismes structurels et contextuels » pour finalement indiquer les « perspectives pour transformer les choses ».

Tout collègue en poste voit immédiatement les difficultés de la tâche : trouver le matériel adéquat pour se filmer, demander aux familles une autorisation de filmer leurs enfants, et surtout tomber sur la séance qui donnerait lieu à une analyse de plusieurs pages, c’est-à-dire une séance conflictuelle…

Loin d’entendre raison devant les arguments poliment avancés par les stagiaires, la direction de l’ESPE soutient son formateur. Cela a amené les stagiaires à faire une pétition, demander une audience, le tout avec le soutien actif du SNES et de la FSU. Après avoir accordé un allongement des délais pour réaliser le travail, l’ESPE a finalement consenti à ce que le film ne dure que quelques minutes, puisse être tourné avec un portable, et ne concerne que quelques élèves. On l’aura compris, pour ne pas perdre la face, la consigne est maintenue mais largement vidée de son sens.

Attitude autoritaire de déni de la réalité bien connue et assez répandue depuis les dernières réformes. Notre nouveau ministre changera-t-il de méthode ? À voir...