Depuis la rentrée 2019, le dispositif des assistants d’éducation (AED) en préprofessionnalisation a été largement mis en valeur par Jean-Michel Blanquer, qui, disait-il à l’Assemblée Nationale, aurait bien voulu être recruté ainsi s’il avait encore été étudiant.
Pour le SNES-FSU, en revanche, nous sommes loin d’une préparation optimale au métier d’enseignant comme en témoignent les orientations prises en termes de préparation de rentrée dans notre académie.
Besançon, 10 juin 2022
à
Madame la rectrice de l’académie de Besançon
Objet : AED Prépro et préparation de rentrée
Madame la rectrice,
Suite à un courrier envoyé par madame la secrétaire générale donnant instruction aux chefs d’établissement d’inclure dans leur préparation de rentrée des services en responsabilité pour les AED Prépro en 3e année, nous souhaitons attirer votre attention sur plusieurs points.
En premier lieu, le statut des AED Prépro ne prévoit pas de mission d’enseignement en pleine responsabilité. Le décret paru au bulletin officiel N° 41 du 07 novembre 2019 détaille leurs missions, qui sont les suivantes :
« Participation à l’aide aux devoirs et aux leçons, notamment dans le cadre du dispositif Devoirs faits.
Enseignement de séquences pédagogiques complètes (notamment, remplacement d’enseignants compatible avec la continuité́ pédagogique des enseignements, en donnant priorité́ à des remplacements prévus à l’avance, et compatibles avec la mention de licence obtenue par l’étudiant) »
Selon le ministère, une séquence est un « Ensemble continu ou discontinu de séances articulées entre elles dans le temps et organisées autour d’une ou plusieurs activités en vue d’atteindre les objectifs fixés par les programmes d’enseignement » (BOEN n°35-17-09-1992). L’enseignement de « séquences pédagogiques complètes » ne renvoie pas à la prise en charge d’une ou plusieurs classes sur toute une année scolaire, surtout s’il est conçu « en remplacement d’enseignants, en donnant priorité à des remplacements prévus à l’avance » et s’il est accompagné en sus de la prise en charge des élèves dans le cadre de Devoirs faits.
Il est à noter que Madame la secrétaire générale invite les chefs d’établissement à inclure les AED dans la répartition de service des disciplines concernées, même si ces emplois ne font pas partie des applications de gestion ! L’institution n’a donc pas prévu ce cas de figure et nous sommes en droit de nous demander quels problèmes seront générés de ce fait... De plus, les services des autres enseignants des disciplines concernées risquent d’être impactés. Est-il nécessaire de complexifier la difficile tâche que constitue la préparation de rentrée avec une nouvelle catégorie d’intervenants qui risque de générer des compléments de service ?
Nous doutons fort qu’une telle démarche contribue à « l’attractivité du métier de professeur » et puisse « faire émerger un nouveau vivier de candidats ». Il serait indiqué de faire le décompte des AED Prépro par discipline et par année scolaire (au regard du nombre de postes offerts), pour mesurer la popularité du dispositif, avant d’envisager d’alourdir la tâche des personnes concernées. La préparation de 6 heures de cours hebdomadaires, extrêmement chronophage pour des débutant.e.s dans le métier, risque de mettre en difficulté des étudiant.e.s qui doivent mener en parallèle leur master et, pour les M2, la préparation du concours. Un certain nombre d’AED Prépro a d’ores et déjà démissionné, il serait contre-productif de décourager celles et ceux qui restent.
La crise de recrutement sans précédent à laquelle l’institution fait face actuellement doit trouver des réponses adaptées et à long terme. Multiplier les statuts précaires pour les étudiant.e.s qui se destinent aux métiers de l’enseignement n’est pas la réponse adaptée : sans une réflexion de fond sur les salaires et les conditions de travail, les jeunes continueront à se détourner des métiers de l’éducation.
En conséquence, nous vous demandons de vous conformer aux textes officiels et de ne pas placer les AED Prépro en responsabilité. Dans cette attente, nous vous prions de bien vouloir agréer, madame la rectrice, l’expression de notre profond attachement à un service public d’éducation de qualité.