1er juillet 2022

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Carte cible des personnels CPE : écouter le terrain !

Carte cible des personnels CPE : écouter le terrain !

Le jeudi 23 juin 2022, un groupe de travail a réuni, au rectorat, les organisations syndicales représentatives pour échange sur l’implantation des postes de CPE dans les EPLE de l’académie. Pour mémoire, un exercice de ce type avait déjà eu lieu en 2016-17 pour aboutir à la répartition actuelle avec comme objectif premier pas de collège sans CPE et prise en compte, au-delà des effectifs de chaque établissement (excluant néanmoins les CPGE en lycées), des critères suivants : le classement en REP ou REP + et la présence d’un internat pour les collèges ; le croisement des PCS et de la présence d’un internat voire l’existence d’un internat sur plusieurs sites pour les autres structures. Nous avions abouti, à l’époque, à une répartition globalement équilibrée, la seule réserve que nous avions était que l’exercice s’effectuait à moyens constants et donc avec des suppressions dans certains lycées au profit des collèges.

Dès l’ouverture de la séance, nous avons donc été étonnés d’entendre, de la part de monsieur le secrétaire général adjoint, que nos échanges repartiraient d’une page blanche : pourquoi balayer le travail d’il y a 5 ans d’un revers de main ? Mystère…

Dans ce nouveau cadre, la première orientation retenue par le rectorat pour notre carte cible serait l’utilisation de l’IDS de chaque établissement en lieu et place du critère lié à la profession et à la catégorie socioprofessionnelle (PCS) ainsi qu’au classement REP/REP+. Cet Indice de Difficulté Scolaire comprend, outre le critère PCS (30%), le retard scolaire (10%), la ruralité (35%), le nombre de boursiers de niveau 3 (25%). Cet IDS Appliqué dans les collèges, l’IDS permet déjà de déterminer le nombre d’élèves par classe et la volonté du rectorat serait donc de l’utiliser pour la répartition des CPE dans chaque EPLE. Vu le poids du critère de la ruralité dans l’IDS, nous restons très dubitatifs sur les résultats de son application, d’autant qu’aucun IDS n’existe actuellement dans les L.P. La contre-proposition des organisations syndicales et en premier lieu du SNES-FSU serait de mieux prendre en compte les élèves à profil particulier (UPE2A, ULIS, CLEX et SEGPA) en pondérant leur effectif. Cet aspect n’a pas rencontré l’assentiment des I.P.R. qui ont argumenté sur l’existence des directeurs de SEGPA en oubliant que hors temps de cours, c’est bien la vie scolaire qui prend en charge TOUS les élèves.

La seconde proposition de l’administration rectorale est de ne plus exclure la possibilité de créer des postes de CPE sur deux EPLE, alors que nous nous y étions fermement opposés lors de nos échanges de 2016-17 et avions obtenus gain de cause sauf pour les structures en réseau (deux entités dont les moyens sont mutualisés sous un même RNE). Le corps d’inspection semble ignorer totalement les difficultés des collègues qui se trouveraient dans cette situation pour investir les deux vies scolaires dans toutes leurs dimensions (et elle aurait beau jeu par la suite de reprocher aux collègues un manque d’investissement dans telle ou telle missions ou dans l’un des deux établissements)…

Enfin, nous sommes tous restés béat devant la proposition de réserver quelques postes pour abonder de façon provisoire les établissements qui auraient des projets innovants alors que les remplacements des CPE sont quasi systématiquement pris en charge par des contractuels (souvent un AED du même établissement) du fait du manque de TZR (12,5 équivalents temps plein -ETP- actuellement alors qu’ils étaient 21 il y a encore 5 ans). C’est à ces derniers qu’incomberaient ces missions particulières annuelles sur projet dans le cadre d’un poste spécifique académique (SPEA) sur lequel il faudrait candidater. Alors que plusieurs collèges en tension nécessiteraient de façon ponctuelle voire pérenne un renfort d’encadrement du fait de leur climat scolaire, retenir in fine une approche qui privilégierait les dynamiques de projet semble relever tout simplement d’un déni de réalité voire d’une cécité complète.

Outre ces réponses, d’autres propositions ont été formulées : prendre en compte plus finement les internats de lycée en fonction de leur effectif, regarder de plus près les établissements qui relèvent de la politique de la ville, étudier le bâtimentaire et recenser les établissements multisites, sans susciter outre mesure l’enthousiasme de nos interlocuteurs.

In fine réfléchir sur l’implantation des postes à moyen constant consiste toujours à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Le SNES-FSU s’inscrit, comme il se doit, dans une autre démarche : obtenir les emplois dont les personnels CPE ont besoin pour remplir les missions de service public déclinés dans la circulaire de 2015 et répondre aux besoins des élèves et de leurs familles, bien loin, donc, d’une mise en concurrence des établissements comme le prônent les vieilles recettes du néomanagement.

Jean-Marc Delcourt