La question du climat scolaire est critique, mais traitée avec une hypocrisie institutionnelle qui confine au déni. Nos établissements sont devenus le théâtre de tensions croissantes, où la brutalisation des rapports sociaux s’intensifie et la montée de la parole violente plongent les enseignants dans des situations de plus en plus intenables.
Ce contexte délétère se manifeste par des symptômes multiples : mal-être des élèves de plus en plus victimes de dépression, d’anxiété, de phobie scolaire. Jadis à la marge, ces phénomènes se généralisent dans des établissements transformés en "cocotte-minute". Nos élèves suffoquent dans un système obsédé par la performance, aux attentes toujours plus pressantes, mais qui ne fournit pas les soutiens psychologiques et pédagogiques nécessaires.
Le dysfonctionnement institutionnel apparaît à tous les échelons. Les personnels de direction, craignant pour leurs propres évaluations, hésitent à rapporter les conflits. À l’autre bout de la chaîne, le rectorat discrédite les décisions des conseils de discipline, sapant la légitimité des équipes éducatives. Certains chefs d’établissement, au management toxique, bénéficient paradoxalement d’une protection hiérarchique inexplicable, alimentant un sentiment d’impunité et de découragement profond.
Le principe du « pas de vague » reste tristement d’actualité ! Chaque fiche SST restée sans suite, chaque enseignant laissé sans soutien hiérarchique devant des parents agressifs, chaque conflit étouffé, fragilise l’institution et érode la confiance dans le service public d’éducation. Un mécanisme pernicieux qui ronge le système de l’intérieur.
Le SNES-FSU refuse une École qui se contente de mal « gérer » les problèmes. Il exige un recrutement massif de personnels qualifiés, le respect des décisions collectives, un soutien institutionnel ferme pour restaurer un climat scolaire apaisé, et la prise en compte réelle des managements toxiques qui détruisent les équipes.
L’École doit redevenir un lieu d’émancipation intellectuelle, un espace de dialogue critique et de construction sociale, où l’humain retrouve sa dignité et sa place centrale.