A l’entendre, le président aurait eu quelques hésitations à appliquer la retenue à la source, par peur de causer du déplaisir au Français moyen. Quelle touchante attention après avoir imposé contre la volonté d’une majorité de personnes concernées la loi travail II, la réforme de la SNCF, la bascule cotisations-CSG, le découplage des retraites de l’inflation, et bien d’autres choses encore !
Parions que ce sont plutôt les récriminations de ceux au service desquels il met toute sa politique qui l’ont fait hésiter : les entrepreneurs. Ces faux semblants ne réussissent pas à masquer la brutalité des méthodes mises en œuvre, dont l’une est simple mais éprouvée : faire passer un maximum de lois durant l’été.
L’arrêté sur la réforme lycée a été publié en plein cœur de l’été, au BO du 19 juillet ! (voir document attaché) L’objectif : appliquer la réforme au pas de charge avant que la résistance n’ait vraiment le temps de s’organiser. Personne ne sait quels seront les contenus de disciplines nouvelles, ni qui les enseignera ; peu importe, dans trois mois, il faudra prévoir les structures et les postes, et surtout conseiller les élèves sur des choix de spécialités qui engageront leur avenir dans les filières post bac. Dans un tel contexte, la « concertation » des personnels (sur les programmes uniquement, pas sur la réforme en elle-même) qui doit avoir lieu en novembre pour une parution des programmes deux semaines plus tard prend plutôt les allures du dernier coup de pied aux fesses du maître à son serviteur. À nous de voir si nous allons les tendre ou pas…
Un changement des programmes de collège est sorti fin juillet en français, maths et EMC, avec application dès septembre ! La réécriture relève, sur le fond comme sur la forme, d’une conception simple des rapports humains : chef-oui-chef ! Recentrage sur la grammaire en français et l’apprentissage des règles en EMC éviteront bien des discussions superflues avec ces élèves devenus grands !
Mais ce n’est pas tout : les recteurs ont reçu durant l’été une feuille de route sur la fusion des académies au contenu plus qu’inquiétant (voir document attaché). Au-delà du côté ridicule de la novlangue utilisée, les objectifs poursuivis sont rien moins que l’adéquation de la carte des académies à celle des régions, ce qui induit un changement du mode de gestion des personnels. Les chefs d’établissement et des antennes locales de ressources humaines se chargeraient de recruter, affecter et déterminer les salaires des AED dans un premier temps et des profs ensuite. Le modèle de la réforme des statuts à la SNCF appliqué à l’Éducation…
Il serait peut-être temps que nous nous mettions en marche, nous aussi !