Quel est le message envoyé à la profession quand une réforme, dans l’Education Nationale, n’est pas portée par son ministre, mais par le président Macron lui-même et la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels auprès du ministre du travail, Carole Grandjean ? Est-ce que cela signifie que les lycées professionnels avancent vers une mise sous tutelle du ministère du travail ? Le MEDEF applaudit en y voyant l’occasion de dicter ses besoins en compétences et faire adapter les cursus aux entreprises locales … Tandis que les enseignant.e.s dénoncent le danger de cette vision étriquée de la formation qui se réduit au seul apprentissage.
Cette réforme des lycées professionnels s’inscrit dans le projet présidentiel de refonte de l’École sous le prétexte fallacieux d’apporter une réponse aux problèmes du chômage des jeunes. Elle accorde une place accrue aux stages, dont la période est doublée, au détriment d’une baisse des enseignements généraux et professionnels prodigués par le lycée. L’objectif réel est de satisfaire les besoins immédiats des entreprises locales qui ont du mal à recruter sur des postes précis. Ainsi cet engouement pour l’apprentissage répond avant tout à un besoin patronal, pas à un besoin en formation pour les jeunes. La réforme sonne le glas à l’accès à un plus haut niveau de formation et de qualification. De plus les craintes de voir les PLP perdre leur poste pour suivre une reconversion forcée est réelle. Subir ou partir, telle est la question imposée par Macron.
Le modèle de l’apprentissage s’invite dès le collège en 5e par la demi-journée imposée baptisée « Avenir » et basée sur l’orientation. Elle a pour but de présenter aux plus fragiles les besoins des entreprises locales. Ainsi le ministère de l’éducation nationale condamne ces jeunes, issus le plus souvent des classes sociales défavorisées, à réduire leur ambition scolaire aux besoins locaux.
Les conséquences de cette approche se feront aussi sentir sur les filières professionnelles qui ne répondent pas des besoins locaux. Quelle sera alors la place pour les métiers futurs dont notre société a besoin (transition écologique par exemple), et qui n’existent pas encore ?
La réforme porte aussi en germe la fin du caractère national du diplôme, puisque chaque établissement pourra négocier la place et le volume des enseignements généraux dans la formation. Elle écarte ainsi les chances de poursuite d’étude en Section de Techniciens Supérieurs en réduisant encore davantage le nombre d’heures d’enseignement général. A terme, elle fait planer sur les postes d’enseignants en lycée professionnel comme en lycée technologique le spectre des suppressions de postes. Sans parler des PLP qui devront suivre une reconversion forcée s’ils perdent leur poste.
La finalité des collèges et des lycées n’est pas de fournir « des blouses bleues aux entreprises locales », « d’être un réservoir de main d’œuvre bon marché, et corvéable à merci », mais bien de rester des lieux de formation générale, technologique et professionnelle pour accompagner chacun de nos jeunes dans une formation émancipatrice, citoyenne, qui sécurise durablement son parcours professionnel !
Le SNES-FSU appelle à la mobilisation mardi 18 octobre aux côtes du SNUEP-FSU pour renforcer les lycées professionnels et obtenir le retrait du projet Macron.