Le ministère vient de publier les statistiques des spécialités choisies par les élèves de Première et de Terminale. L’occasion de vanter la « liberté de choix » et les « parcours diversifiés » offerts par la réforme… Vraiment ?
Dans les détails, ce système met à mal l’objectif d’égalité filles-garçons. Ainsi, les filles ont « abandonné beaucoup plus que les garçons les enseignements à orientation scientifique » (50 % d’abandon de la spécialité mathématiques chez les filles contre 30 % chez les garçons, des résultats similaires pour sciences de l’ingénieur / sciences informatiques), et symétriquement, « l’abandon des langues, littératures et cultures étrangères et régionales est davantage le fait des garçons (44 % contre 33 % des filles) ». Si le SNES avait, dès le projet de réforme, pointé ces biais de genre, en se basant sur les résultats du système scolaires anglais, le ministère a le mérite de ne pas cacher ces chiffres, en reconnaissant même un « chantier important ». Ce début de mea culpa pourrait être touchant, mais, communiquant sur les stéréotypes de genre, le ministère oublie d’analyser les inégalités liées à l’origine géographique ou sociale
Pire, les choix des élèves semblent renforcer le caractère sélectif des spécialités. Par exemple, avec un fort taux d’abandon des mathématiques entre la Première et la Terminale (le pourcentage des élèves suivant la spécialité les maths passe de 63% à 41%), une majorité d’élèves ne bénéficiera plus de cet enseignement, présent auparavant en ES, L et S.
Ainsi, force est de constater que la logique de tri social se poursuit, à l’abri du mythe du « libre choix », laissant les déterminismes sociaux peser pleinement sur les trajectoires scolaires.
Dans les pays où cette logique de lycée à la carte est à l’œuvre, comme au Royaume Uni, on observe également un renforcement des inégalités scolaires et sociales. Mais l’Ecole brule, nous ne pouvons plus regarder ailleurs !