Ministre et recteur ont décidé que la rentrée devait être « normale », afin de répondre aux impératifs économiques du gouvernement, et pour cela ils appliquent la méthode Coué, c’est simple et c’est gratuit !
C’est ce qui explique un protocole sanitaire réduit à sa plus simple expression :
- Port du masque obligatoire pour les élèves et les personnels
- Distanciation non obligatoire si impossible – et elle est impossible : cantine, internat, cours se dérouleront sans précautions spéciales, échange d’objets entre élèves, prêt de livres, distribution de copies sont autorisés
- Désinfection des locaux préconisée à chaque changement d’occupant, mais concrètement impossible à mettre en place
- Liste des personnes « vulnérables » réduite de façon drastique : tous les personnels doivent reprendre en présentiel
- Pas de communication sur le protocole en cas de circulation accrue du virus
Non seulement les mesures sont très réduites, mais l’application du protocole sanitaire est renvoyée au local, sans donner les moyens humains et financiers nécessaires :
- Les familles devront financer elles-mêmes les masques pour leurs enfants
- Les élèves ne pourront pas se laver les mains suffisament souvent faute de gel et/ou de toilettes en quantité suffisante
- Les locaux ne pourront pas être désinfectés à chaque passage de classe faute de temps et de personnel
- La distanciation ne sera pas mise en place faute d’enseignants et de locaux
La crise actuelle est non seulement sanitaire, mais aussi pédagogique : comment faire renouer avec l’école des élèves qui, pour certains, n’ont eu que peu de contacts depuis mars ? Comment assurer une élévation de leur niveau alors que le programme de l’an passé n’a été que partiellement traité ? Là encore, la faiblesse des moyens débloqués est éclatante :
- Un bilan des acquis des élèves sur deux niveaux et dans deux disciplines seulement
- Pas de moyens humains pour aider les élèves en difficultés : pas de recrutement d’enseignants, uniquement des heures supplémentaires qui ne seront pas absorbées (l’an passé, sur 18 millions budgetés, seuls 6 ont été consommés au niveau national)
- Les élèves de sixième en difficultés pourront bénéficier de plus d’heures en maths et en français, mais ils louperont des heures dans les autres disciplines
- Pas d’aménagement des programmes
- Pas d’aménagement du calendrier des épreuves de bac, qui commenceront en mars
- Pas de plan d’équipement numérique des familles en cas de nouveau confinement
Cette crise ne doit pas occulter le fait que les moyens consacrés aux collèges et aux lycées sont en baisse constante depuis des années
- Sur les 4 dernières années, 49 000 élèves de plus et 5 600 emplois en moins au niveau national ; 30 postes supprimés à la rentrée 2020 dans notre académie, 860 sur les 13 dernières années, pour des effectifs stable : les classes explosent (35 élèves en lycée, 27-28 en collège sont la règle)
Cela vient du fait que le projet éducatif du ministre est élitiste et libéral :
- La réforme du lycée renforce les déterminismes sociaux et géographiques, en supprimant des heures de cours et tous les groupes à effectifs faibles ; il n’y a plus de place pour certaines disciplines à faible diffusion sauf dans quelques lycées
- L’abandon de l’éducation prioritaire est programmé
- La délégation à des entités privées d’une partie des tâches de l’École a commencé : introduction de certifications privées en langues, dispositif 2S2C en sport et disciplines artistiques, suppression du service d’orientation et de l’Onisep...
Cette politique est à l’opposé des attentes du SNES, qui continuera à oeuvrer pour une autre école.