Il aura fallu, dans la semaine de rentrée, un préavis de grève, des mouvements lycéens et un appel à la grève pour que le ministre daigne lâcher un peu de lest... mais le compte n’y est toujours pas !
Les lycées sont censés passer à un enseignement hybride qui permettra de ne plus accueillir que la moitié des élèves ; l’autre moitié restera à la maison et y travaillera en distanciel. Mais le ministre ne tire pas les conséquences d’une telle organisation, qui risque de ralentir considérablement les progressions dans les classes : il persiste à refuser tout aménagment de programme. S’il abandonne les épreuves communes cette année, il maintient les premières épreuves terminales du bac en mars, obligeant les collègues de spécialité à faire en 6 mois le programme de 12. Quant à la charge de travail qui pèsera sur les personnels, priés de gérer les cours en présentiel et de suivre les élèves en distanciel, c’est bien le cadet de ses soucis. En plus, bien des proviseurs refusent encore pour l’instant d’appliquer cette mesure... qui sera loin de suffire, puisque les problèmes de fournitures sanitaires, de respect des règles de distanciation, désinfection et aération ne seront pas tous réglés pour autant. Quant au remplacement des profs malades, il i pose déjà problème dans le premier degré et risque de devenir un vrai obstacle à la « ontinuité pédagogique » si chère au ministre.
Les collèges sont les grands oubliés de son intervention. Il est persuadé que la circulation du virus est « maîtrisée »à leur niveau. Comment expliquer un tel aveuglement ? Est-ce l’avis des médecins, qui ont longtemps affirmé que les jeunes sont moins porteurs du virus parce qu’ils manifestent moins les symptômes ? Est-ce la complaisance des recteurs, attachés à plaire en haut lieu et prêts à minorer les chiffres de contamination pour plaire au maître ? Le jeudi 5 novembre, le recteur, dans son point d’information aux organisations syndicales, a livré des chiffres de contaminations ridiculement faibles. Selon lui, il n’y aurait eu dans le Doubs que 5 cas avérés, élèves et personnels confondus... alors que le seul lycée Victor Hugo en comptait déjà une trentaine ! Si tous les recteurs procèdent de cette façon, on peut imaginer combien le ministre est loin des réalités...
Fort heureusement, il arrive que l’éducation nationale soit rappelée à l’ordre par d’autres acteurs de la vie publique : le conseil d’État a invalidé la liste restrictive des cas « à risques » que le gouvernement avait concoctée avant la rentrée, c’est donc celle du mois de mai qui redevient la seule valable pour l’instant et sur laquelle vous pouvez vous appuyer pour demander des aménagements, notamment le télétravail.
Saisie en urgence le 15 octobre 2020 par la direction générale de la Santé au sujet de l’éventuelle toxicité des masques DIM fournis notamment aux personnels de l’éducation nationale, l’ANSES a rendu son avis le 28 octobre 2020 et considère que tout risque sanitaire ne peut être écarté. Par conséquent, le gouvernement a confirmé retirer et remplacer ces masques par précaution. Les chefs d’établissements sont censés tenir leurs personnels au courant et distribuer des masques de remplacement.