Le ministre Blanquer annonce un « plan de reprise » en faisant semblant d’ignorer que la plupart des établissements scolaires ne pourront pas adapter en si peu de temps leur fonctionnement pour satisfaire les règles sanitaires propres à éviter un regain de l’épidémie. Les recteurs et les chefs d’établissements sont priés de faire en sorte que l’intendance suive, les enseignants doivent reprendre les cours, mais dans quelles conditions et pour quels objectifs ?

Mardi 22 avril, au moment même où le ministre précisait devant l’assemblée nationale que seuls les élèves qui le souhaitent retourneraient à l’école, le recteur affirmait exactement l’inverse en audio-conférence. Un détail révélateur du manque de cohérence et de concertation entre le ministère et les rectorats, qui ne peut que préoccuper au vu des enjeux actuels.

Ce qu’a dit le ministre :
• Pas d’obligation de cours en présentiel, possibilité de rester à la maison pour les élèves qui le souhaitent :
Qui rentrera, mis à part les élèves dont les parents travaillent et ne peuvent pas les faire garder ?
• Rentrée étagée selon les régions plus ou moins touchées par l’épidémie :
L’académie de Besançon ne sera donc pas l’une des premières à rentrer.
• Rentrée à effectifs de maximum 15 (?) élèves par classe/groupe :
Quelle alternance envisager ? Faire venir les élèves par demi-journées n’est pas compatible avec les transports scolaires. Faire venir les élèves deux jours par semaine impliquerait une refonte des emplois du temps impossible en si peu de temps dans le second degré.
• Rentrée étagée selon les niveaux :
◦ 12 mai : grandes sections maternelle, CP, CM2
◦ 18 mai : 6e, 3e, 1res, Tles
◦ 25 mai : petites et moyennes sections maternelle, CE1, CE2, CM1, 5e, 4e, 2e

Quels critères ont déterminé ces choix ? Pourquoi demander aux terminales de rentrer, sachant qu’ils obtiendront le bac sur la base de leurs notes des premier et deuxième trimestres et qu’ils se projettent déjà dans leurs études supérieures ?

Ce qu’a dit le recteur :
• Pas de cantine ni d’internat au retour des élèves :
Ces services collectifs ne permettent pas de respecter les règles sanitaires destinées à éviter la propagation du virus. Les collectivités territoriales ne voient pas pour l’instant comment les mettre aux normes.
• Les mesures de sécurité pour les personnels et les élèves :
« Bien sûr il y aura du matériel pour tout le monde, nous y travaillons activement. » Selon le recteur, gel, masques et tests seront disponibles le 11 mai pour tout le monde. Nous partons de loin : la plupart des toilettes élèves ne disposent même pas de savon à l’heure actuelle, quant aux stocks de matériel, ils sont pour l’instant inexistants.
• Le télé-travail sera maintenu pour les personnels à risques, ceux qui ont un de leurs proches à risque, ceux qui sont trop fragiles pour une reprise :
Ils prendront en charge les demi-groupes d’élèves qui ne seront pas en établissement, donc des élèves qu’ils ne connaissent pas, pendant que leurs collègues assumeront les cours en présentiel.

A force d’étagements, d’exceptions et de restrictions, on comprend que le retour en établissement se fera de façon partielle et intermittente. L’intérêt pédagogique d’un tel dispositif, où les élèves ne bénéficieront que de l’équivalent de deux semaines de cours environ, ne saute pas aux yeux. Si les élèves fragiles sont la vraie préoccupation du gouvernement, il pourrait également envisager de remettre les moyens qu’ils a supprimés pour la rentrée de septembre 2020 : une centaine d’heures rien que sur le quartier de Planoise à Besançon, par exemple, ou alors les 36 postes en lycée qui vont sauter dans notre académie.
La question de la pertinence du calendrier présidentiel de déconfinement se pose de façon particulièrement pressante lorsqu’il s’agit de l’École. Le SNES-FSU n’envisagera pas de reprise sans que toutes les conditions de sécurité sanitaire ne soient réunies.