La session 2022 du baccalauréat est marquée par une désorganisation sans précédent. Ce sont la valeur certificative de cet examen et donc son devenir qui sont cette fois en jeu.
Le contrôle continu
En premier lieu, les 40% de la note obtenus en contrôle continu posent problème, puisque les enseignants évaluent leurs propres élèves sur les parties du programme qu’ils ont traitées. Aucune possibilité d’harmonisation entre établissements n’existe.
Au cas où un élève n’a pas de moyenne sur un ou plusieurs trimestres pour cause d’absence, il doit, en théorie, passer une épreuve de rattrapage organisée par le rectorat. En réalité, certains élèves n’ont rien rattrapé du tout, d’autres ont passé une épreuve organisée par le professeur de l’année selon des modalités mal cadrées. Il n’y a pas eu égalité de traitement des candidats sur ce point.
Les épreuves terminales
Le ministère a mis en place des commissions d’harmonisation chargées de lisser les notes obtenues par les candidats aux 4 épreuves terminales : leurs deux spécialités, la philosophie, le grand oral (et le français de façon anticipée en classe de première).
Sur les deux épreuves de spécialité qui ont eu lieu en mai, les correcteurs et correctrices ont parfois constaté que les notes de leurs lots de copies avaient été modifiées à la baisse ou (plus souvent) à la hausse de plusieurs points sans qu’ils ou elles en soient informé.e.s !
Il faudrait donc que tous les lots de copies correspondent à une « moyenne académique » ; et si ce n’est pas le cas, cela renverrait forcément à un problème d’évaluation et jamais au niveau des candidat.e.s... Belle façon de délégitimer le corps enseignant et de mépriser le long et méticuleux travail de correction et d’évaluation des copies d’examen ! Ainsi, la correction numérique des copies dépossède les personnels de leur métier.
La réforme du bac en question
Ce sont les réformes du lycée et du bac qui ont amené à ces dérives :
- Le contrôle continu entraîne des distorsions de traitement d’une classe à l’autre, d’un établissement à l’autre, entre l’enseignement privé et le public.
- La multiplicité des combinaisons de spécialités oblige le ministère, afin de gagner du temps, à prévoir deux sujets sur deux jours différents pour une même spécialité ; or les sujets ne sont pas toujours de difficulté égale.
- Les programmes de spécialité sont pour la plupart très volumineux, par rapport aux conditions de travail des élèves (groupes chargés, éclatement des classes) d’où des dysfonctionnements au niveau de la conception des sujets et des barèmes : une application stricte entraînerait un taux d’échec bien plus élevé.
- « L’harmonisation » faite par les rectorats n’est qu’une maladroite tentative de masquer le fait que le bac a perdu sa valeur certificative et de maintenir les taux de réussite artificiellement hauts.
Le SNES-FSU demande la remise à plat de ces réformes et le retour à des épreuves de baccalauréat nationales, terminales et anonymes. Elle demande également à ce que les décisions ministérielles cessent d’être prises sur un mode vertical sans jamais se soucier ni de la façon dont elles sont applicables sur le terrain, ni des impacts pour les élèves, les personnels et la qualité du service public d’éducation.