Le nouveau gouvernement a décidé de la suppression de 149 000 emplois aidés, jugés « inefficaces et coûteux ». La baisse devrait se prolonger l’année prochaine, comme l’a confirmé le premier ministre Edouard Philippe.
Dans l’Éducation Nationale, le nombre de non renouvellements se monte à 23 000, et les effets commencent déjà à se faire sentir dans les établissements où ces emplois, bien que précaires, faisaient partie intégrante du paysage scolaire - des secrétaires administratifs aux surveillants, en passant par les accompagnants d’élèves handicapés. Les services académiques et rectoraux refusent de communiquer sur le nombre de personnes touchées par le non-renouvellement, et il aura fallu un boycott de Comité Technique Académique pour obtenir quelques chiffres ! Dans l’académie de Besançon, ce sont 359 emplois qui ne seront pas renouvelés ; 136 postes ont été transformés en AESH et 223 tout simplement supprimés.
Les conséquences en termes de fonctionnement des établissements sont lourdes : dans le quartier de Planoise à Besançon, 16 contrats-aidés seront supprimés au niveau du primaire (il y en aurait une cinquantaine en tout sur la ville), ce qui met en difficulté les écoles au niveau de la surveillance, de l’ouverture des portes et de l’aide administrative, notamment dans le cadre du plan vigipirate, qui oblige à des allers-retours permanents pour ouvrir les grilles des écoles. Dans le secondaire, ce n’est pas mieux : au collège de l’Arc à Dole, l’internat a dû fermer en septembre et octobre car il était surveillé par deux emplois aidés ! Certains établissements ont mené des actions pour le maintien de ces personnels : au collège Jouffroy d’Abbans de Sochaux, une vingtaine d’enseignants étaient ainsi en grève, le lundi 16 octobre, pour dénoncer la suppression de deux emplois aidés, l’une au CDI, l’autre à l’aide à l’orientation pour les enfants les plus en difficultés.
Lors d’une réunion organisée par la FSU, on a pu constater que les personnes touchées par ces mesures étaient pour la plupart des femmes au-dessus de 45 ans, certaines à 2 ou 3 ans de la retraite, bien conscientes qu’il leur sera difficile de retrouver un emploi. Elles se sentaient méprisées, « jetées comme des kleenex ». Certaines se voient proposer des postes d’AVS mais les critères d’attribution semblent fluctuants selon l’interlocuteur au rectorat. Le rectorat quant à lui prétend avoir proposé à toutes les personnes dont le contrat n’a pas été renouvelé d’autres missions, notamment d’accompagnement du handicap.
Mais le ministère a permis, depuis cette année, l’emploi de volontaires service civique sur des missions d’aide aux élèves en situation de handicap, ce qui ne va pas faciliter le réemploi d’anciens contrats aidés. L’emploi de volontaires service civique permettra peut-être à des jeunes d’avoir une première expérience, mais condamnera les ex-contrats aidés à retourner à la case Pôle-Emploi, sans certitude de pouvoir à nouveau travailler… Alors pourquoi remplacer des emplois précaires par d’autres ? Sans doute parce que les volontaires service civique, à 600€ par mois, sont encore moins payés que les emplois aidés ?