La démarche d’évaluation des établissements scolaires voulue par J.-M. Blanquer figure dans la loi « Pour une école de la confiance » de juillet 2019. Le Conseil d’évaluation de l’école a été installé officiellement fin juin 2020.
La démarche est prévue en deux temps : une autoévaluation suivie d’une évaluation externe.
Tout se passe comme si une certaine administration continuait aveuglément son travail comme si la gestion de la crise sanitaire ne bouleversait pas les établissements, en particulier les collèges dans lesquels le climat scolaire est souvent très compliqué depuis le début de l’année.
Pas un « contrôle », ni même « une enquête », encore moins un « audit », pour le rectorat, la nouvelle procédure d’évaluation des EPLE n’a qu’un noble but : « faire apparaitre la valeur » des établissement et des équipes. Reportée l’année dernière pour cause de crise sanitaire, cette nouvelle procédure quinquennale remplace le dialogue de gestion jusque-là en vigueur et les nombreuses précautions sémantiques qui l’accompagnent masquent mal un dispositif lourd, intrusif et opaque.
- Une procédure lourde.
L’évaluation se conduit en 2 temps. Dans un premier temps, l’établissement (c’est à dire toute l’équipe éducative) doit s’auto-évaluer dans 5 domaines (voir document evaluation des établissements plus bas) et en élaborer une synthèse guidée par une fiche. Cette synthèse doit analyser « le contexte de l’établissement » et « les stratégies d’apprentissages » mises en oeuvre collectivement afin de faire apparaitre les « points forts » mais aussi les inévitables « marges de progrès » dans chaque domaine. Dans un second temps, l’établissement fait l’objet d’une évaluation externe menée, pendant 2 jours consécutifs, par une équipe de 6 ou 8 évaluateurs (selon la taille de l’établissement) composée comme suit :
– 2 inspecteurs (IA-IPR et/ou IEN ET-EG) ;
– 2 personnels de direction ou 1 per dir et 1 IEN 1er degré
– 4 personnels d’enseignement ou d’éducation (professeurs, CPE) .
Pour évaluer les 5 domaines, les évaluateurs s’appuient sur les traditionnels « indicateurs de performance » , des entretiens avec les équipes, mais surtout sur l’observation de cours en binôme pendant deux demies journées.
-Une procédure intrusive.
C’est donc 6 classes qui vont être suivies (8 dans les établissements ayant plus de 12 classes), chacune pendant une demie-journée par des binômes intercatégoriels composés d’un professeur et d’un personnel de direction ou d’un inspecteur. Le choix des classes suivies est laissé à l’appréciation du chef d’établissement.
Ces observations de cours, très détaillées, constituent la pierre angulaire de l’évaluation externe. Après les précaution d’usage sur la bienveillance et la discrétion garantie par la signature d’une charte de déontologie, le rectorat détaille les point de vigilance et objectifs de la visite. Sans Le contexte de la classe fait l’objet d’une analyse qui est mise en rapport avec « les éléments de scénarisation et les activités des élèves ». Pour ce faire, « les évaluateurs observeront la présence éventuelle de rituels d’entrée / sortie, les outils mis à disposition des élèves (dictionnaires, numériques, cartes, posters, manuels...), l’organisation de la séance (articulation de temps individuels et collectifs, de travaux de groupes...) la possibilité offerte aux élèves de consulter une ressource, participer aux travaux d’un autre groupe… ».
L’ensemble des éléments observés (voir document éléments observés ci-dessous) voire disséqués fait davantage penser une visite d’inspection qu’à une observation bienveillante.