En 2020/2021, 31 collèges de notre académie ont été désignés pour subir une évaluation dont la démarche est inscrite dans la loi « pour une école de la confiance » instaurée par notre ministre. Parmi ces 31 collèges, certains voient la dernière phase de cette évaluation (l’évaluation externe), prévue initialement plus tôt mais repoussée en raison de la crise sanitaire, se dérouler actuellement ou très prochainement.
D’autres collèges de l’académie seront évalués cette année. L’évaluation se déroule en deux phases : l’auto-évaluation et l’évaluation externe. L’aspect « participatif » peut faire croire qu’il s’agit vraiment d’une co-construction là où le but est de mettre en place des objectifs à atteindre applicables à tous, qui pourraient à terme être des critères pour le calcul de la dotation horaire, certaines primes... et qui conduiraient les établissements à être en concurrence.
Le préalable à l’évaluation se déroule actuellement avec la recherche, dans les établissements choisis, de volontaires chez les enseignants pour être évaluateurs (d’un autre établissement bien sûr). Cette étape est importante car si l’établissement ne fournit pas d’évaluateur, cela met à mal le format prévu par l’administration (tous les évaluateurs sont issus d’établissements évalués). Il s’agit donc de faire comprendre à tous nos collègues l’enjeu et le danger d’un tel dispositif.Certains chefs d’établissements risquent de se montrer pressants voire intrusifs pour obtenir des évaluateurs.
Il est inadmissible que cette évaluation se soit mise en place dans des établissements cobaye l’an dernier alors que nous sortions d’une année particulièrement difficile et que la situation n’était guère meilleure. Est-il plus raisonnable d’imposer cela aux enseignants de collège cette année, alors que les effectifs dans les classes sont de plus en plus élevés, alors que les conséquences des deux années précédentes se font toujours sentir dans les classes avec une hétérogénéïté exacerbée entre les élèves, alors que nous devons de plus en plus inclure d’enfants à besoins particuliers sans y être formés, sans en avoir les moyens... ? La réponse est NON : les enseignants de collège ont besoin qu’on leur donne des conditions de travail correctes pour travailler avec leurs élèves, pas qu’on fasse de l’ingérence dans leur salle de classe ou qu’on pense à leur place. Ce serait ça de la bienveillance !
Sandrine RAYOT