Depuis des années, le rectorat supprime des formations et enlève des moyens au lycée du bois de Mouchard. Depuis des années, les collègues se battent bravement pour conserver l’identité et la richesse si particulières de cet établissement. Ils ont rédigé une lettre-pétition à l’attention du recteur ; il n’est pas certain que celui-ci soit sensible à leurs arguments...
Les personnels du lycée du Bois de Mouchard
à M. Jean-François Chanet, Recteur de l’académie de Besançon
Monsieur le Recteur,
Nous avons appris qu’une demi-section de BTS SCBH devait fermer à la rentrée 2022. Or, nous ne comprenons pas cette décision qui fragilise le lycée du Bois.
Au moment où nous venons d’ouvrir une licence Ingénierie Construction Bois en partenariat avec le CNAM pour renforcer l’offre des formations au sein du lycée et donner aux étudiants la possibilité de parfaire leurs apprentissages dans le domaine du bois, l’annonce de cette fermeture nous paraît inopportune et même un signal contradictoire envoyé aux étudiants qui seraient intéressés par le lycée.
Certes, une vision purement comptable de la situation montre un léger déficit de recrutement suite à une année complexe pour communiquer (notamment au moment des Portes Ouvertes) mais qui ne justifie en rien une fermeture. Le lycée accueille ainsi 66 élèves en première année de BTS SCBH sur 75 places disponibles, ce qui montre la belle attractivité de Mouchard, alors que bien d’autres établissements présentent moins de 10 étudiants à l’examen chaque année. Par ailleurs, nous avons sur place tout l’équipement pédagogique, technique et professionnel, nécessaire pour donner une formation de qualité et complète, ce qui n’est pas le cas pour toutes les sections de SCBH en France.
On nous parle de remplacer 15 étudiants en formation initiale par 8 apprentis. Outre le fait que les apprentis relèvent du CFA et non de l’Éducation Nationale, la volonté systématique de pousser les étudiants vers l’apprentissage ne nous semble pas pertinente. Nous accueillons déjà les deux types de public et nous en constatons tous les jours les différences. Tous les étudiants n’ont pas le profil pour intégrer l’apprentissage, qui ne peut être une voie performante que pour une partie d’entre eux. En effet, ce type de formation nécessite beaucoup de travail et d’autonomie de la part des apprentis qui doivent gérer une alternance entre deux rythmes très différents et maintenir une continuité dans les enseignements du lycée lorsqu’ils sont en entreprise. Or, nos étudiants en formation initiale n’ont pas ce profil particulier, ne pourraient pas réussir aussi bien par l’apprentissage et généralement ne le désirent pas. Par ailleurs, le vivier d’entreprises qui accueillent les étudiants en stage ou en alternance ne peut pas absorber toujours plus d’apprentis. Ceux qui n’auront pas de contrat d’apprentissage se verront-ils obligés de choisir une autre formation faute de place en initial ?
Très attachés au lycée du Bois et à la qualité des formations proposées, nous voulons défendre une politique qui construit un lycée tourné vers l’avenir en s’appuyant sur des compétences reconnues par de nombreux professionnels. Nous dénonçons une politique qui vise à laisser dépérir le lycée et creuser encore davantage les inégalités territoriales en fragilisant toujours plus les territoires ruraux. Enfin, à l’heure où l’on défend les filières productrices d’emplois non délocalisables, le retour à des matériaux durables pour développer une économie locale durable, il nous paraît au contraire urgent de consolider les formations d’avenir telles que celles que fournit le lycée du Bois de Mouchard.
Veuillez agréer, monsieur le Recteur, l’expression de nos respectueuses salutations.
Les personnels du lycée du Bois de Mouchard