Depuis trois mois l’équipe pédagogique du Lycée Pergaud à Besançon, des agents, des élèves et leurs parents s’opposent à l’installation d’une chaufferie biomasse dans l’enceinte de leur lycée.
En mars le Grand Besançon Métropole et la Région ont invité les usagers du Lycée Pergaud à une présentation de leur projet. Surpris par l’opposition des professeurs présents et confrontés à des questions et contre-arguments auxquels ils ont peiné à répondre, la réunion a fini avec une déclaration des représentants qui disait en résumé que l’information de ce projet a été faite dans un souci de démocratie, mais que in fine la décision leur appartenait.
Suite à cette réunion, le collectif « Non à la chaufferie dans le Lycée Pergaud » s’est constitué pour informer les collègues, les élèves, les parents, les agents et les habitants de Palente (le quartier avoisinant) des conséquences néfastes d’un tel projet. Si le collectif ne se prononce pas contre des chaufferies biomasses en soi, c’est le principe d’installer une méga-chaudière dans l’enceinte d’un établissement scolaire qui est mis en cause. Car celle-ci ne devrait pas seulement chauffer le lycée mais 80 autres bâtiments du quartier qui sont, comme le lycée aussi, en grande partie des passoires thermiques. Cependant, une rénovation n’est pas prévue, ni pour les habitations, ni pour le lycée - en tout contradiction de l’engagement du gouvernement de rénover des bâtis scolaires pour économiser l’énergie.
Le lycée Pergaud, le plus grand établissement scolaire de la Région, est un campus où travaillent et vivent près de 2500 élèves et 250 professeurs, il dispose d’une surface d’à peu près 10 hectares où se trouve non seulement les bâtiments de cours et deux internats, mais aussi une petite forêt et de grands espaces verts. Et ce sont ces espaces verts que le GBM veut amputer de quasiment un hectare pour l’installation de la chaufferie. Mais l’emplacement choisi interroge alors que d’autres endroits alentours pourraient faire l’affaire. La raison est évidente mais jamais admise : le terrain de Pergaud est propriété de la Région qui gère les lycées, et une cession de ce terrain à GBM réduirait massivement le budget de la construction. Pour cette économie budgétaire GBM est prêt à sacrifier un espace vert qui ne sert pas seulement de terrain sportif et pédagogique (cours de SVT, théâtre …), mais qui constitue aussi un espace dédié au bien-être des élèves (bancs, tables…) et aux jardinages (un potager participatif avec permaculture…). De plus cet espace est une petite niche à biodiversité dans un lycée labellisé développement durable : prairie fleurie, fauches tardives et refuge pour des espèces en danger comme les hirondelles ou les hérissons.
Depuis là, les actions se sont multipliées pour lutter contre l’artificialisation de cet espace vert : banderoles contre le projet, blocus du lycée par les élèves, tractages devant le lycée, au marché et auprès de habitants du quartier, mobilisations devant le lycée, pétitions … Cette opposition unie qui a trouvé son écho dans la presse locale et à laquelle se sont joints aussi le FCPE et des organisations du quartier semble avoir porté les premiers fruits : la Région, pas pleinement convaincue par le lieu d’implantation de la chaufferie biomasse, a demandé à GBM des éléments plus approfondis concernant ce projet. Dans l’attente de celles-ci la procédure de mise de disposition du terrain est suspendue.
Le collectif et les usagers qu’il représente restent vigilants et ont prévu de continuer la mobilisation contre un projet qui ne se soucie ni de la vie des élèves et du personnel, de leur santé et de leur bien-être, ni de la nature à laquelle on veut encore amputer une parcelle pour aux fins économiques et budgétaires.