Il fallait oser
Créée par Sarkozy, décision libérale critiquable sous le double aspect d’une individualisation des revenus et d’une revalorisation de la hiérarchie qu’on dénie aux enseignants, la prime aux recteur de 15 200 euros fixe, augmentée de 45% de part variable en fonction des « objectifs » atteints, aurait dû être supprimée par le président du « changement ».
Non seulement il n’en est rien, mais elle vient d’être augmentée de 40%, passant à 25 620 euros de fixe. Ce qui augmente mécaniquement les 45% de part variable. Au maximum, un recteur pourra donc toucher plus de 37 000 euros de prime.
C’est davantage que le salaire annuel d’un grand nombre d’enseignants alors même qu’on nous dit sans cesse qu’il n’y a plus un sou ; que depuis 5 ans le point d’indice est bloqué, que nous avons perdu en pouvoir d’achat depuis 2000 l’équivalent d’environ 2 mois de salaires ; que les enseignants du premier degré en France sont en moyenne payés 17% de moins que la moyenne de l’OCDE.
Le gouvernement justifie cette décision par le fait que les recteurs gagnaient…moins que les DASEN, en quelque sorte une mesure égalitaire. On ne peut que saluer ce sentiment de la justice et de l’égalité qui, lorsqu’il s’agit des catégories dominantes se réfèrent toujours à ce qui est plus haut pour se hausser encore et se gaver davantage, et, lorsque ce sont les salariés, on trouve toujours plus bas, plus fragile, plus précaire, pour souligner à quel point on ignore notre chance d’avoir ce que l’on a.
Hervé Faudot