« Je vous ai confié un ado, vous en avez fait un adulte », « je ne connaissais pas le DAQIP, je ne savais pas que ça existait. C’est la première fois qu’on s’occupe de mon fils comme ça », « Merci Madame, c’est grâce à vous que j’ai eu mon bac ». Des témoignages de la sorte, chaque coordo en a en tête , c’est ce qui le fait tenir face aux difficultés inhérentes à sa mission, face aux difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes qui intègrent tout au long de l’année le DAQIP. Cette mission, elle lui colle à la peau. Ce public cabossé, parfois hostile, inquiétant, il y est attaché, le coordo. C’est le cœur de son métier que de l’accompagner vers une sortie positive. Et l’outil dont il dispose, c’est le DAQIP, Dispositif d’Accompagnement à la Qualification et à l’Insertion Professionnelles…. Dans le dispositif, il y a le cadre et la souplesse, une main de fer dans un gant de velours. Il y a le temps qui n’est pas le même pour chacun, il y a une équipe impliquée qu’a rassemblée le coordo pour accompagner le jeune, il y a les modules, les projets, les sorties qui sont proposés pour remobiliser les oubliés du système, il y a la compréhension du jeune parce qu’il y a les entretiens individuels, il y a l’individualisation du parcours, il y a les rencontres, les partenaires, il y a l’expérience professionnelle avec les stages et il y a la réussite.
Mais ça, c’était avant. Face aux succès de la lutte contre le décrochage scolaire, il a fallu répondre à une autre demande : la prévention du décrochage en passant par la persévérance. Du coup, le coordo, il n’est plus là, il est ailleurs, dans les collèges, les lycées. Il essaie d’externaliser son expertise, il essaie d’apporter une plus-value, un plus à ce que les EPLE font déjà. Il veut être avec le groupe de décrocheurs intégrés dans ce qu’il reste du DAQIP. Mais il faut qu’il roule, qu’il émarge, fasse émarger, qu’il remplisse des tableaux, parce que c’est l’Europe qui finance, qui gère et qui exige. Il toque aux portes des EPLE, il essuie des refus, il prend des coups. Il s’accroche aux signes positifs qu’on lui envoie, mais ils sont rares. Il entend que depuis qu’il n’est plus tellement au DAQIP, il n’y a plus de référent qui maîtrise les situations, qui canalise le groupe. Il n’y a plus personne au front, et quel front. Il entend qu’il est difficile de remonter une équipe compétente, qui ne craque pas face à l’exercice périlleux que représente une heure de formation dans un tel dispositif. Il rappelle les anciens collaborateurs…
Et il ne sait plus … Mais il est toujours là, le coordo, pour, de l’aveu même d’un Recteur, « réparer ce que l’institution a abimé ».
Françoise NICOLET, DAQIP du Lycée Armand Peugeot, Valentigney,
Line PAVERNE, DAQIP du lycée des Huisselets, site de Bethoncourt,
Marie-Paule VIEZZI, DAQIP du lycée Cuvier, Montbéliard