Langues vivantes ou langue de bois ?

La commission académique des langues vivantes a eu lieu le 5 mai. Les réponses du rectorat aux interpellations du SNES montrent une vraie maîtrise de la langue... de bois !

À quoi devrait servir la Commission Académique sur l’Enseignement des Langues Vivantes Étrangères ? À donner aux représentants syndicaux la possibilité d’exposer les problèmes auxquels leurs collègues sont confrontés tous les jours ? À donner aux services du rectorat l’occasion de nous écouter et de mettre tout en œuvre pour nous soutenir et pour nous faciliter la tâche ? Le lieu d’un dialogue social, en résumé ? Mais ce qui devrait aller de soi dans une vraie démocratie est très loin de ce qui se passe dans la réalité. La dernière commission est un bel exemple du manque de sérieux et de respect que le rectorat porte à cette instance. Voici quelques perles :
La commission a débuté à 14h30 au lieu de 14h, car le son de la visio ne marchait pas. Il a donc fallu déménager dans une autre salle. Après, ça n’a pas été le bon powerpoint. Tout cela peut arriver. Mais ce qui montre le manque de respect pour cette institution est le fait que la commission s’est quand même terminée à l’heure prévue. Quand est arrivé enfin le dernier point, les « questions diverses », la seule occasion pour une organisation syndicale d’essayer de dialoguer après une heure et demie d’un déroulement vertical d’un powerpoint et d’autocongratulations, la plupart des participants étaient déjà partis.

Le niveau des élèves est bas
L’autosatisfaction caractérise les débats de la commission, pourtant il n’y a pas de quoi être fier : 53% des élèves n’atteignent pas les objectifs du dispositif Evalangues, 73% des élèves n’atteignent pas les objectifs de la certification en langues au bac en LVA et 60% en LVB.

L’enseignement des LV se réduit
De moins en moins d’élèves choisissent une troisième langue vivante : - 9% depuis 2022. Le nombre d’élèves qui choisissent la spécialité anglais en lycée baisse également de 9 % en classe de première, de 6% en terminale. Les autres LV sont quasi inexistantes comme spécialité.
Le rectorat réaffirme l’objectif annoncé en réunion des recteurs du 16 février 2023 d’une augmentation de 5 % du nombre global d’élèves apprenant l’allemand d’ici 2025 et de 10 % d’ici 2030, pour ajouter aussitôt : « On espère qu’il n’y aura pas trop de demandes pour l’allemand, car nous atteignons nos limites d’enseignants ».

Dans le premier dégré :
96 % des élèves apprennent l’anglais, 4 % l’allemand. Le rectorat veut faire intervenir des étudiants pour enseigner l’anglais dans le primaire en co-intervention avec les PE à partir de 2024/25, pour palier le crise de recrutement des assistants de langue.

En lycée professionnel :
La possibilité de proposer une option LVB qui ne sera pas certificative ( ne donnera pas de points en plus au Bac) et qui devra être financée par un pacte sera offerte aux élèves. L’enseignement de la LVA passera à 2h30 par semaine (disparition de la co-intervention)

Questions SNES-FSU
SNES-FSU : Au mépris du règlement intérieur, la CAELVE n’a siégé qu’une seule fois par an au lieu des deux sessions annuelles obligatoires.
Rectorat : Il y a un règlement intérieur ? Il faut le faire 2x par ans ? C’est écrit où 

SNES-FSU : Cela a été dit par la présidence de la CALV de 2021 et projeté sur le powerpoint du rectorat, page 6.
Rectorat : Ah bon ? Vous pouvez nous l’envoyer ? Cinq jours plus tard : Après vérification, la commission doit bien se réunir 2 fois par an comme mentionné dans le code de l’éducation. Nous allons réorganiser le déroulement de ces 2 commissions.

SNES-FSU : La liste de nos questions envoyée juste après la Commission de juin 2023 est restée sans réponse et les documents de travail et le diaporama de présentation ne nous ont jamais été envoyés...
Rectorat : On a eu un changement du personnel, on n’a pas pu suivre les dossiers. »

SNES-FSU : Quel avenir pour les LVB ? Depuis la reforme du lycée, les LVB ne sont (quasiment) pas représentées au Bac, ce qui a, en plus du faible coefficient, provoqué un désintérêt des élèves et une chute du niveau, constatés par tous les collègues. Une réflexion sur les modalités actuelles du baccalauréat s’impose.
Rectorat : On a pas compris la question. La question du bac se règle au national. Écrivez au ministère. Il y aura de nouveaux programmes plus centrés sur l’apprentissage de la grammaire etc. 

SNES-FSU : Quel avenir pour les élèves qui n’auraient pas suivi d’enseignement de LVB ? En collège, les élèves du groupe de besoin le plus faible pourraient être dispensés de la LVB, ce qui pourrait leur fermer des portes en termes d’orientation. Cette difficulté a-t-elle été anticipée ?
Rectorat : Le parcours aménagé ne concernera qu’une infime partie des élèves qui ont déjà tant de problèmes que le fait de ne pas suivre la LVB ne change rien. Le parcours sera réduit dans le temps, donc seulement pendant quelques semaines. Et quoi qu’il en sera, on n’aura pas l’argent pour payer les HSE pour ce dispositif.

SNES-FSU :Quel avenir pour l’enseignement des langues ? Les difficultés de recrutement au CAPES, notamment en allemand, laissent craindre une perte à la fois en volume et en qualité d’enseignement. Quelles sont les mesures spécifiques envisagées à l’échelle de notre académie ?
Rectorat : Il faut faire attention, faire au mieux, attirer les compétences et fidéliser les contractuels.

Fin de la commission à 16h15, la plupart des participants étant déjà partis avant...