Le 15 mars 2018, ils étaient descendus dans la rue par milliers ; ils sont revenus battre le pavé le 14 juin et ils y reviendront sans doute en automne.
Ils étaient certes moins nombreux qu’au printemps (1) mais c’est encore par centaines qu’ils ont manifesté leur volonté de ne pas accepter de nouvelles dégradations de leur situation : depuis le printemps 2014, Ils ont eu à subir le gel des pensions, la création ou l’augmentation de taxes, la suppression de dispositions fiscales spécifiques comme la demi-part supplémentaire pour les veufs et veuves qui ont élevé des enfants,... et des pseudo-experts s’interrogent maintenant sur la pertinence du maintien de la pension de réversion.
Haro sur « la génération dorée » !
Avec la nouvelle présidence et sa majorité « En Marche », une augmentation de 25 % de la CSG s’est ajoutée à ces mesures. Résultat : le pouvoir d’achat de l’immense majorité des retraité-es s’en trouve très gravement amputé et en plus ils doivent subir le mépris d’élus qui pour le moins maîtrisent aussi mal les dossiers que la langue française (2).
S’il fallait faire la démonstration du mépris dans lequel le gouvernement actuel tient ‘’la génération dorée’’, il suffirait de rappeler que la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn s’est engagée en septembre 2017 auprès des organisations syndicales de retraités à réunir des commissions mixtes sur le pouvoir d’achat des retraités, le financement de la dépendance, la situation dans les EHPAD… Depuis sa seule réponse est : « Circulez il n’y a rien à voir ! », pour utiliser le registre de langage présidentiel.
« Ils coûtent un fric dingue »
Pour le Président Macron les dépenses sociales « coûtent un fric dingue’ ». Quatre millions de retraité-es ne touchent que la retraite « plancher » soit moins de 630 euros mensuels ; 17% de personnes âgées vivent avec moins de 600 euros : le minimum vieillesse (ASPA) est de 833 euros(seulement) mais les exclus de ce dispositif sont de plus en plus nombreux .
À noter aussi que selon les chiffres de l’INSEE, le pouvoir d’achat moyen des retraité-es a baissé de près de 20% en 12 ans .En réalité d’autres « coûtent un fric dingue » : 40,6 milliards de dividendes ont été versés aux actionnaires pour le premier trimestre 2018 et les cadeaux fiscaux que leur accorde le gouvernement actuel atteignent les 10 milliards annuels. Les très riches n’ont jamais été aussi riches grâce à la mise en pratique de la théorie du ruissellement : taxer les pauvres et ceux qui jouissent d’un peu d’aisance pour donner aux riches.
Les retraité-es ne décolèrent pas
Pour faire face à ces attaques, les organisations de retraité-es ont su opposer un front syndical uni, le groupe des 9, qui regroupe toutes les organisations syndicales de retraité-es à l’exception de l’UNSA et de la CFDT ; à noter d’ailleurs qu’en dépit des choix qu’elles font nationalement, ces deux organisations sont très souvent présentes dans les actions locales initiées par les 9.
Le 14 juin, les 9 ont organisé une journée nationale de manifestations décentralisées dans tous les départements pour accentuer la pression sur le gouvernement et sur les parlementaires. Même si elle n’a pas atteint l’ampleur la protestation du 15 mars 2008, cette journée a témoigné de l’importance du mécontentement les retraité-es : le combat continue !
Une date à retenir : le 28 septembre 2018
D’ores et déjà les retraité-es et les futurs retraité-es SNES comme tous et toutes les retraité-es FSU de l’académie sont invité-es à se retrouver le vendredi 28 septembre à Besançon : la matinée sera consacrée à l’Assemblée Générale de la section fédérale académique des retraité-es de la FSU et après un casse croûte bien mérité, l’après midi sera occupée par une table ronde sur les aidants dans le cadre des forums proposés chaque trimestre par le groupe des 9 au plan local.
Jean-Pierre Billot
1) Le 15 mars le groupe des 9 avait recensé en s’appuyant sur les chiffres donnés par la presse, 200 000 participants aux manifestations locales de retraité-es .Le 14 juin le chiffre est moitié moindre (100 000 environs) ;cette tendance est confirmée dans l’académie de Besançon ; par exemple 200 participants à Vesoul selon la presse au lieu de 400 ; 380 à Besançon selon un comptage rigoureux au lieu de 700...
Le mépris et l’intransigeance gouvernementale ont sans doute découragé les unes ou les autres et dans cette période où la météo sociale est assez maussade, la pluie de mars est peut-être plus mobilisatrice que le soleil de juin.
2) Répondant par écrit à un courrier d’un retraité du Doubs (syndiqué CGT),le député Alauzet affirme que « l’expression génération dorée (....) est couramment utilisé dans les réflexions et les débats sur le sujet des retraites (...) qu’il n’a pas imaginé que ce terme pouvait choquer ou blesser ».
Il souligne que « la majorité des retraités ne sera pas pénalisée » et donc que toute autre interprétation des mesures actuelles serait « inappropriée ou malveillante » après avoir annoncé une perte de 10 à 15% du montant moyen des retraites d’ici 2040. Sans commentaire