Jura : les tablettes numériques au secours du manque de classes, postes, de personnels ?
La rentrée dans le Jura ne dénote malheureusement pas de celle des autres départements de l’académie : classes toujours plus chargées, postes à compléments de service aberrants et enseignements non assurés.
Des classes à 28-30 en collèges et autour de 35 en lycée sont légion en cette rentrée. Tous les types d’établissements sont désormais touchés, collèges urbains (Rouget – Lons : 4e à 30 et 5e/3e à 27-28 – Briand Lons : classes entre 26 et 29), de montagne (Champagnole : 5e et 3e à 30), ruraux (Orgelet : 3e à 28) ou périurbains (Tavaux 5e à 27), y compris certains établissements en éducation prioritaire (6e à 28 à Moirans pour un seuil à 26). Les lycées sont pleins comme des œufs. Pour rentrer dans une dotation insuffisante, l’administration a multiplié petits BMP et regroupements aberrants (la palme revient cette année à la technologie : Lavans – Morez – Saint Laurent – Champagnole pour un seul prof). À ce jour il manque encore des enseignants devant élèves. Au-delà du seul problème des effectifs se sont bien les conditions d’accueil et de travail des élèves qui se dégradent encore et ne favorisent pas leur réussite.
La nouveauté dans le Jura est l’arrivée des tablettes numériques dans les collèges : le Conseil Général a doté tous les élèves de 6e de tous les collèges publics (et privés) d’une tablette numérique. Elle est sensée être à usage uniquement pédagogique mais rien n’empêche les élèves de télécharger des jeux (le progiciel installé par le CG sur les tablettes peut seulement les détecter mais pas les neutraliser). Outre le questionnement sur la nocivité des ondes wifi (le CG rassure en s’appuyant sur des tests réalisés par une entreprise non agrée et sur du matériel différent de celui choisi !), cette dotation pose nombre de questions et laisse pour l’instant les enseignants dans l’expectative. L’inspecteur d’académie est quant à lui foncièrement optimiste : il a affirmé en GT au mois de juin que ces tablettes « divise[raient] par deux le nombre de décrocheurs » !
Laure Flamand
Collège de Bletterans : jeudi (en) noir au collège…
Dès la fin de l’année scolaire 2013-2014 la préparation de rentrée 2014 laissait entrevoir les difficultés auxquelles le collège allait être confronté : effectifs trop chargés, nombreux morcellements de services, trop d’heures supplémentaires à absorber, impossibilité de faire de vrais choix pédagogiques dans l’élaboration de la structure. C’est pourquoi la répartition de la DGH avait été refusée à 2 reprises en CA à la quasi-unanimité. De plus, une motion proposée par les parents d’élèves et les enseignants dénonçant tous ces points avait été déposée afin d’alerter M. l’Inspecteur d’ Académie qui n’a pas pris en considération nos demandes : une dotation supplémentaire en heures postes. Argument avancé : nous ne dépassions pas les « indicateurs » fixés à plus de 30 élèves par classes !
Dès la pré-rentrée, cette situation ne s’étant pas améliorée miraculeusement pendant le repos estival, les enseignants se sont réunis en AG pour débattre des suites à donner et des points encore sensibles : moyenne de 28 par classe, EDT provisoires (et peu satisfaisants) contenu des enseignements pas encore assurés dans quelques disciplines, enseignement des sciences expérimentales dans des salles non spécialisés, morcellement des services …
Pour montrer leur mécontentement, l’ensemble des enseignants du collège de Bletterans se sont donc mobilisés d’une manière symbolique en venant tous habillés de noir pour ce premier jeudi de septembre. Nous nous sommes ensuite rassemblés devant le collège en présence de la presse que nous avions contactée pour décrire nos conditions de rentrée, tout en précisant qu’elles n’avaient absolument rien d’extraordinaire … malheureusement !
Benoît Vuillaume S1 collège du Parc, Bletterans
Rentrée difficile au collège Briand
La rentrée 2014 s’effectue pour les élèves et les professeurs dans des conditions de plus en plus difficiles voir inacceptables en raison d’effectifs de plus en plus chargés dans les classes (28 à 30 en 6e et 5e - 26 à 28 en 4e et 3e). Les groupes de langue vivante comptent jusqu’à 30 élèves, les cours de technologie et de SVT se font en classe entière en 3e et 4e. Dans ces conditions, il est plus que difficile de maintenir pour les élèves un enseignement de qualité et répondant aux missions qui nous sont imposés ? en effet, il devient problématique de :
⁃ Valoriser le travail expérimental qui pourtant intéresse et motive les élèves.
⁃ Développer l’oral notamment en langue et en français alors que les élèves se trouveront confrontés à des examens oraux dès le brevet.
⁃ Évaluer par compétences quand chaque critère demande un examen individuel du travail de l’élève.
⁃ Exploiter l’outil informatique tout en restant vigilant sur l’usage qu’en fait l’élève.
Des dérogations qui auraient pu permettre l’ouverture d’une autre classe de sixième et de proposer des effectifs moins chargés ont été refusées encore cette année afin de « rentabiliser » au plus la structure. Cette « rentabilité » n’est pas compatible avec un enseignement de qualité et se fait au détriment des élèves.
L’année prochaine avec le départ de la cohorte des élèves de 3e, la structure de l’établissement comptera mécaniquement une classe en moins ce qui entraînera des conditions de travail plus précaires pour certains professeurs et rendra plus difficile le retour à des effectifs raisonnables.
Suite à une réunion syndicale, les professeurs ont décidé de prendre contact avec les délégués de parents d’élèves afin d’informer ceux-ci en vue d’organiser plus tard des opérations communes.
Pour le S1 du collège Briand, Véronique Goudin
Lycée PEV à Champagnole : Et pourtant le recteur était prévenu !!!
Lorsqu’en mars dernier le proviseur du lycée Paul Emile Victor est appelé pour effectuer un remplacement dans un lycée de Besançon entrainant la nomination d’un proviseur suppléant pour la fin de l’année scolaire, les représentants syndicaux ont immédiatement alerté le recteur sur les conséquences pour la préparation de rentrée 2014.
Quand, à l’issue du mouvement des personnels de direction, il apparaissait de manière de plus en plus tangible que le proviseur nommé ne pourrait pas être en poste pour préparer la rentrée, les élus au CA ont de nouveau alerté le recteur dans le cadre d’une motion, d’autant plus qu’un nouveau proviseur adjoint est également affecté dans l’établissement. Quelques jours plus tard, début juillet, un proviseur par intérim est nommé.
Comme si cela ne suffisait pas, le chef de travaux est parti effectuer une suppléance de personnel de direction quelques jours à peine avant la rentrée...sur nomination du rectorat.
Pour préparer cette rentrée, c’est donc une nouvelle équipe, sans connaissance précise de la structure du Lycée Paul Emile Victor en tant que lycée général, professionnel et technologique, qui s’y est attelé à partir de la situation transmise par l’ancienne équipe administrative « provisoire ».
Le résultat est maintenant connu, les élèves et les personnels vivent depuis la rentrée des moments très difficiles. Depuis la rentrée les emplois du temps ne sont pas fonctionnels. Réunis en AG le 9 septembre, les personnels ont décidé de s’adresser au recteur.
– * Le vendredi 19 septembre à 12h30, les enseignants du lycée Paul-Emile
Victor- soutenus par des parents et des élèves- ont organisé un sit-in dans la cour d’honneur du lycée, tous habillés de rouge, afin de manifester leur colère et dénoncer la situation dans laquelle se trouve le lycée en cette rentrée. Dans la presse : PEV voit rouge