Retraité·e·s : nous y étions !

Compte rendu de la Commission Administrative Nationale (CAN) du SNES et des S3 retraités - 7 et 8 septembre 2022 à Paris.

Nous étions déléguées par le S3 de Besançon pour participer à cette réunion passionnante, dense et en même temps conviviale où nous avons appris moult choses tout en essayant de nous familiariser avec les dossiers (sans oublier les sigles) . Nous donnons ici quelques lignes pour vous donner un aperçu des sujets abordés sans anticiper sur l’US retraités qui paraîtra le 9 novembre 2022. Nous étions environ 30 personnes à cette réunion de rentrée importante avant la publication du rapport annuel du COR, la discussion au Parlement sur le pouvoir d’achat et la mobilisation intersyndicale du 29 septembre.

Notre secrétaire générale Sophie Vénétitay a d’abord fait un rapide point de la situation générale et s’est félicité de l’arrivée de la NUPES dans notre paysage politique ouvrant des perspectives de riposte à gauche. Puis elle a dressé un tableau précis de la situation dans l’Éducation Nationale :
• 4000 postes n’ont pas été pourvus aux concours et le ministère a bricolé des stages de 3 jours pour les contractuels dont certains ont déjà démissionné. Dans certaines académies, des contractuels ont été nommés à l’année sur un seul établissement, des TZR se sont ainsi retrouvés dans des situations beaucoup moins favorables, cela introduisant des risques de division entre les personnels.
• Une bataille a déjà été gagnée sur les salaires, avec une perspective de revalorisation à 2000 euros net minimum en 2023. Il était temps, 2000 euros étant actuellement le salaire net d’un enseignant ayant 13 ans d’ancienneté. Cependant nous restons vigilants à ce que ces mesures annoncées ne soient pas lettre morte.
• Le budget de l’E.N. qui a augmenté de 3,6 Milliards est loin de suffire aux besoins,
• Le triptyque autonomie, contractualisation, évaluation est destructeur et il y a volonté de s’attaquer à nos statuts. L’éducation prioritaire est à la peine, car si des établissements y entrent, d’autres devront en sortir.
La question des niveaux de formation et de la qualité du métier est aussi posée. Des voix serinent que pour être professeur des écoles, il n’est point besoin de bac + 5 ; ce serait plutôt une question de profil et de bonne volonté. Dans les crèches, des personnels sans qualification ont été embauchés et il est même question dans les EPHAD de former les aidants. De plus la campagne médiatique sur les problèmes de mutation et postes non pourvus amorce une attaque contre le statut de fonctionnaire.
Le conseil national de refondation est une coquille vide qui contourne les instances élues (Ass .Nat., CESER, HCA, CDCA (Conseil Départemental de la Citoyenneté et de l’Autonomie) ; FSU, CGT refusent d’y participer.
Il est nécessaire de lier nos actions à celles du G9 qui se réunit le 23 septembre, et d’interpeller les parlementaires. Pour cela nous devons être d’accord sur les chiffres de perte de pouvoir d’achat des retraites et sur nos revendications. Un groupe indépendant du G9 se met en place à ce sujet. Solidaires a fait un 1er calcul estimant l’évolution des prix à 12,5 % de janvier 2014 à juillet 2022 ; les pensions ayant augmenté pendant la même période de 5,3%, le perte de pouvoir d’achat est de 7,2% soit 3 mois et demi de pension. Claude Courivaud reviendra en détail sur le sujet dans le prochain US Retraités.

Mathieu Leritz a ensuite introduit la question des enjeux de la marche contre la vie chère initiée par la France Insoumise en rappelant que le mouvement syndical français a depuis le début du 20e siècle manifesté son indépendance vis à vis du politique. Il ne doit y avoir aucun doute que les décisions prises par les syndicats sont prises par les syndiqués et leurs représentants. Les 2 combats doivent s’articuler par le dialogue. Le G9 a demandé à être reçu par des différentes composantes de la Nupes. Il est important de se rassembler car nous sommes confrontés à un défi de taille : le R.N est aux portes du pouvoir : il faut faire la clarté sur les votes de ce parti dans les différentes instances (Parlement, Région, Département). D’après une étude du CEVIPOF, les enseignants votent davantage à droite et 50% des personnels de catégorie C votent R.N. Les gens qui ont voté Macron par tactique (contre le R.N.) n’ont pas conscience d’avoir voté à droite ; pour beaucoup, le R.N. est xénophobe mais pas raciste, c’est un parti de droite comme les autres qui n’a pas encore eu sa chance.

Marylène Cahouet est ensuite entrée dans le détail de la situation politique :
9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, pendant que les dividendes ont augmenté de 26% en 6 mois ; la France détient le record avec 44,3 Milliards et 62% de ces dividendes sont détenus par les 1% les plus riches (36000 personnes).
Avec la diminution de l’ISF ( - 3,9 Milliards) et la flat taxe ( - 3,5 Milliards) la baisse des impôts de production (8 Milliards) les caisses de l’Etat ont été ponctionnées d’autant. Le bouclier sur le gaz et l’essence ne va pas durer.
la loi pouvoir d’achat a décidé surtout des primes momentanées qui ne sont pas soumises à cotisations sociales ; les RTT pourront être remplacées par de l’argent, ce qui est une régression sur la durée du temps de travail. Toutes ces mesures assèchent les ressources de la Sécurité Sociale. Il y a une augmentation du nombre de familles sans toit, en conséquence les enfants ne vont pas à l’école ; le 115 a recensé 1658 enfants sans solution d’hébergement, mais il y en a sans aucun doute beaucoup plus.

Jean Bernard Shaki nous a démontré l’importance du code des pensions ( ensemble des lois et décrets régissant le régime particulier des fonctionnaires). Il n’y a pas de caisse des pensions ; celles-ci font l’objet d’une ligne budgétaire. La pension est un salaire continué et non une aumône. Bernard Friot dit que c’est un élément de socialisme dans le capitalisme. L’État a une dette envers ses fonctionnaires qui sont rémunérés en fonction de ce qu’ils ont accompli. Avant 2003, les liens entre actifs et retraités étaient plus serrés ; les retraites étaient indexées sur les salaires ; on pouvait valider ses services auxiliaires ; l’indexation sur les prix a fait baisser les pensions.
Les 6 derniers mois sont dans le collimateur ; comme cette référence est inscrite dans le code des pensions, l’attaque du gouvernement n’est pas frontale, mais il y a toujours volonté manifeste de diminuer le flux de fonctionnaires. Quant aux retraites du privé qui sont actuellement indexées sur les 25 dernières années, il faut revenir aux dix meilleures années. Plus de détails sur le sujet dans le prochain US Retraités

Il y aura une réunion de la FSU nationale (CDFN) les 19 et 20 octobre pour préparer la bataille contre le projet de retraites, la protection sociale complémentaire, les relations avec la MGEN. Lors de sa dernière parution, celle-ci a justifié les 4 tranches d’âge pour les cotisations. Il est question d’une prochaine réunion, mais rien n’est encore décidé.
La CFDT a signé avec la MGEN pour ses adhérents un contrat de groupe plus avantageux que le contrat individuel et sans augmentation de cotisation avec l’âge.

Syndicalisation : le SNES a actuellement 7000 adhérents retraités. Dans l’académie de Besançon, en juin 2022 il y a 117 adhérents retraités (111en 2021). Les fins de carrières difficiles et le découragement des collègues ne vont pas toujours dans le sens d’une poursuite d’adhésion chez les néoretraitées.

Nous avons terminé par le sommaire du prochain US Retraités qui sera consacré à la santé.

Nous sommes contentes d’avoir participé à ces 2 journées, qui nous ont permis de rester en contact avec toutes les questions en débat actuellement et constater tout le travail d’analyse de nos camarades du S4 et des responsables retraités des S3 pour faire vivre la vie syndicale, se soucier de rechercher des convergences et ainsi mieux combattre la résignation.

Liliane Benoit-Guyod, Françoise Marpaux