Le gouvernement refuse depuis des semaines, face au mouvement des gilets jaunes, de voir la nécessité d’une plus grande justice sociale et fiscale. Au lieu de cela, il a choisi la carte de la diabolisation et d’une répression féroce du mouvement. Un mépris permanent s’exprime face à tous ceux qui ne sauraient pas « traverser la route » et qui auraient perdu le « sens de l’effort ». Culpabiliser les chômeurs et les salariés pour les « privilèges » dont ils sont supposés bénéficier (assurance maladie, assurance chômage, retraite) permet utilement de détourner l’attention de ceux qui en détiennent de réels… Le « grand débat national » peine à convaincre de la sincérité du chef de l’État dans ses intentions de changer de cap.
À l’instar du gouvernement face aux gilets jaunes, Blanquer s’est engagé depuis plusieurs semaines dans une dérive autoritaire qui cache mal une certaine fébrilité. La réforme lycée, malgré les avis défavorables du CTM, du CSE et d’un nombre croissant de collègues, est imposée au pas de charge par un ministre qui en nie les effets. La violente répression des manifestations lycéennes, les humiliations publiques comme à Mantes-la-Jolie, n’ont pas été condamnées par le ministre.
S’il a tendu il y a quelques mois une oreille compatissante aux innombrables protestations de #PasDeVagues, il n’a proposé en réponse que des mesures teintées d’autoritarisme, sans prendre en compte les critiques portant sur la hiérarchie et l’abandon des profs par l’institution. Mais le retour de bâton n’a pas tardé : il s’apprête à faire voter dans son texte sur « l’École de la confiance » un article destiné empêcher définitivement ce genre de débordements sur les réseaux sociaux et envisage dès à présent [des] « affaires disciplinaires concernant des personnels de l’Education nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public". Autant dire que plus aucune critique ne serait possible… Toujours dans le sillage de #PasDeVagues, son futur « plan violence » contient une proposition qui consiste à mettre en place des sanctions financières à l’encontre des parents pour lutter contre les violences commises par leurs enfants en milieu scolaire...
Culpabiliser, réprimer, museler : la méthode est vieille, mais montre ses limites. Le gouvernement, fragilisé par la crise des gilets jaunes, ne peut guère se permettre un autre conflit social. Toute mobilisation dans un tel contexte peut rapidement porter ses fruits. Nous avons une chance d’enterrer la réforme Blanquer dans les semaines qui viennent, à condition de nous mobiliser !