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ÉPREUVES DU BAC : LES DÉGÂTS DE LA RÉFORME SE FONT TOUJOURS SENTIR

Les épreuves du bac 2015 ont confirmé les évolutions entamées les années passées et l’analyse que le SNES avait faite dès le départ de la réforme du lycée.

Les épreuves locales, par leur nombre et la difficulté de leur mise en œuvre, poussent les équipes au bout de leurs limites ; c’est notamment le cas en langues vivantes, où chaque élève passe 4 épreuves (deux dans chaque langue).

Pour les épreuves terminales, le sujet de sciences physiques de cette année est très représentatif des difficultés liées à la réforme du lycée. Ne renvoyant que partiellement au programme et beaucoup trop difficile pour les élèves, il a donné lieu à un deuxième barème deux jours après le début des corrections pour éviter une catastrophe.

Le fossé entre les élèves que nous avons et la représentation que s’en font les corps d’inspection est loin de ne concerner que les sciences physiques, et donne lieu dans d’autres disciplines à des dérives différentes : documents difficiles mais appareil de questions simpliste, ou questions complexes mais attendus minimes...

Ces difficultés au niveau de l’élaboration des sujets entraînent bien sûr des problèmes d’évaluation : certaines inspections ont organisé, voire multiplié les réunions d’harmonisation dont le but était d’exercer des pressions sur les correcteurs pour obtenir les notes les plus élevées possible. Les barèmes frisent parfois la caricature tant il est demandé une « évaluation positive »(par exemple en compréhension orale en LV, où les seules notes possibles sont 4, 8, 14 ou 20/20 !).

Au final, plus de 90 % des élèves obtiennent le bac, toutes séries confondues, et les mentions très bien sont plus nombreuses d’année en année, dépassant les 11% à la session 2015.

Tout cela dénote à quel point le ministère est dans le déni et refuse d’évaluer les dégâts causés par la réforme du lycée : le fort taux de succès au bac est censé prouver que nous nous trompons en affirmant que moins d’heures de cours impliquent moins d’acquis pour les élèves.

Dévaloriser à ce point le premier diplôme universitaire ne peut qu’avoir des conséquences néfastes : si les résultats au bac ne sont plus un indicateur fiable d’un niveau atteint, alors les différents acteurs en post-bac et dans la vie professionnelle en trouveront d’autres. Mais les candidats ainsi surévalués connaîtront, pour certains, d’amères désillusions après avoir quitté le lycée. Et le désarroi s’installe dans les salles des profs, où le sens même de nos métiers est désormais en question.

Pour éviter un démantèlement du bac actuel, il est urgent de faire un bilan sincère de la réforme du lycée et d’en tirer les conséquences en termes de programmes, d’horaires et de modalités.

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SES : réponse du rectorat au courrier du SNES

Lire ici la réponse du rectorat au courrier du SNES sur les modalités de correction des épreuves écrites de SES du baccalauréat 2015 (obligatoire et spécialité).

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Épreuve Anticipée de Français 2015 : Vers une amélioration ?

Les conditions dans lesquelles les examinateurs font passer les épreuves du baccalauréat se sont dégradées d’année en année et leur charge de travail n’a cessé de croître. Les professeurs de Lettres ont pu encore le vérifier à la session 2014 : plus d’une centaine de copies ou de candidats, des collègues convoqués à nouveau à l’oral (contrairement aux engagements du Rectorat qui, à la demande des professeurs de Lettres, avait pourtant acté la décision quelques années auparavant de les convoquer tantôt à l’oral, tantôt à l’écrit), interrogeant une quinzaine de candidats par jour (voire plus) pendant 14 demi-journées (et jusqu’au 04 juillet, jour des résultats du baccalauréat), travaillant quelques centaines de textes issus de huit à dix descriptifs pour préparer les questions d’oral (alors qu’il sont déjà fortement sollicités dans leur établissement pour surveiller les épreuves du baccalauréat), accumulant les kilomètres (parfois plus de mille) pour se rendre aux centres d’examen. Suite aux courriers du SNES-FSU et à son intervention en audience, l’Inspection de Lettres en lien avec la DEC s’est engagée l’année dernière à une remise à plat des modalités : descriptifs envoyés plus tôt, convocation de tous les collègues enseignant en lycée afin d’élargir le nombre de correcteurs, répartition plus équitable entre oral et écrit, chaque professeur étant à la fois interrogateur et correcteur. Si l’épreuve orale, désormais répartie entre tous les collègues, s’est avérée moins pénible, convoquer davantage d’examinateurs (alors que la majorité l’est déjà depuis des années) n’a pas diminué pour autant la charge de travail : chaque professeur a encore évalué pour la session 2015 plus d’une centaine de candidats. Ce sont là les conséquences d’une politique de recrutement insuffisante et d’une suppression massive des postes depuis de nombreuses années, alors que dans le même temps le nombre de lycéens n’a cessé d’augmenter...