Déclaration du personnel enseignant lors du Conseil d’administration du 30 juin 2015 - Collège de Giromagny
La réforme du collège doit se mettre en place à la rentrée 2016 et une très grande majorité des enseignants du collège a décidé de participer à une ou plusieurs journées de grève pendant les derniers mois afin de manifester leur désaccord avec les propositions faites par le Ministère de l’Education Nationale.
En effet, bien que nous soyons tous conscients que des changements sont nécessaires, nous ne pouvons accepter de mettre en péril le système éducatif de nos enfants.
Nous voulons alerter les familles sur les méfaits de cette réforme et l’escroquerie avec laquelle elle est présentée dans les médias .
Alors que le nombre d’heures d’enseignement va baisser sensiblement la campagne d’information du ministère laisse penser que le collège va disposer de 20% d’heures d’enseignement supplémentaires.
Jugez-en vous même :Par exemple pour un élève de 3° :
Actuellement : il a droit à 28,5 h d’enseignement + 3h pour le latin-grec ou bien 2H si l’élève choisit la classe euro ou 3DP.
Réforme du collège rentrée 2016 : 26 heures de cours maximum (plus aucune option) ce qui fait déjà une perte de temps d’enseignement de 2,5 h (voire 4,5h ou 5,5h pour ceux qui faisaient une option).En plus il faudra retrancher 4 heures de ces 26 h pour la mise en place de l’AP et des EPI :
l’établissement devra choisir quels horaires disciplinaires amputer :
Cela pourrait donner par exemple :
0,5 heures prise sur le français : 4- 0,5 =3,5 heures (actuellement 4,5)
1 prise sur l’histoire-géo : 3,5 - 1= 2,5 heures (actuellement 3,5h)
0,5 prise sur les maths : 3,5 - 0,5=3 heures (actuellement 4h)
1 heure prise sur l’EPS : 3 - 1= 2 heures (actuellement 3)
1 heure prise sur les enseignements artistiques : 2 - 1=1 heure (plus de musique ou d’arts plastiques)
A l’heure où la France est pointée du doigt pour ses résultats en baisse dans les enquêtes internationales, comment peut-on penser que cette réforme va dans le bon sens en diminuant les enseignements fondamentaux au profit des EPI ?
L’Académie Française vient de rendre publique une note relevant entre autres :
« Comment les élèves pourraient-ils construire par eux-mêmes un savoir à partir des approches « transversales et plurielles », caractéristiques de ce type d’enseignement (les EPI), s’ils ne disposent pas de la formation élémentaire, reposant sur des bases solides dans les disciplines fondamentales, qui fait aujourd’hui défaut à un trop grand nombre d’entre eux au sortir de l’enseignement primaire. »
Il n’y aura plus de véritable grille horaire nationale : chaque collège aura la possibilité de moduler les heures à l’intérieur d’un cycle, ce qui pourra être préjudiciable aux nombreux élèves qui changent d’établissement en cours de cycle : prenons l’exemple d’un établissement qui choisit de faire moins d’histoire-géo en 5° et plus en 4° et d’un élève qui vient d’un autre établissement qui aura choisi exactement le contraire.
Nous ne développerons pas plus ce qui concerne les domaines les plus relayés par les médias : disparition des classes euro, des sections bilangues mettant en difficulté l’enseignement de l’allemand, sans parler du latin-grec, qui subsiste sous forme d’un enseignement complémentaire dont les heures devront être prises sur d’autres matières : le contenu en est flou puisque les langues et cultures de l’antiquité ne font plus partie de la liste des matières !
Et pour finir que dire de la publication en catastrophe du décret d’application le lendemain d’un jour de grève alors que les programmes sont eux encore en cours de discussions !
Il reste une année pour faire profondément évoluer cette réforme en espérant une mobilisation importante de la part des premiers concernés à savoir les familles qui légitimement peuvent attendre une autre organisation des enseignements de collège pour leurs enfants.
Voici quelques pistes pour une autre réforme du collège :
– des classes à effectifs maxi de 25 dans toutes les classes (voir les classes de 6° l’an prochain !)
– des dédoublements garantis pour tous par les grilles horaires nationales
– des dispositifs d’interdisciplinarité réelle, basés sur le volontariat, avec des heures de concertation
– des pratiques diversifiées rendues possibles par des formations dignes de ce nom.
L’avenir de nos enfants mérite un engagement et un investissement forts de toute la nation et non une réforme qui redéploie des moyens déjà tout justes suffisants.
Les représentants des personnels enseignants, vie scolaire et documentation du collège Val de Rosemont de Giromagny