En ce moment, ce qui se passe à l’Éducation Nationale ressemble plus à un film de Lautner qu’à un fonctionnement normal de ministère, à ceci près que le scénario prête moins à rire...
Il y a d’abord un syndicat lycéen, « Avenir Lycéen », qui n’est pas vraiment un syndicat lycéen... mais plutôt une création du ministère de l’Éducation Nationale destinée à calmer l’ardeur des critiques à un moment où la réforme du lycée était fortement contestée.
Il y a ensuite un Grenelle de l’Éducation qui n’est surtout pas un véritable Grenelle mais une opération de com’. On y voit un joueur de rugby piloter un groupe de réflexion sur l’encadrement et une ancienne cheffe de l’IGPN piloter celui sur les valeurs de la République... La CGT et la FSU ont claqué la porte, refusant de cautionner cette vaste comédie destinée à faire croire qu’il y aurait une revalorisation de nos métiers et une vraie réflexion sur l’École.
Il y a aussi, à l’échelle de notre petite académie, des équipes de sécurité qui n’assurent pas la sécurité : dans l’une, on a la surprise de trouver le chauffeur particulier du recteur ; dans l’autre, un indicateur qui aide à rédiger un rapport à charge sur un collègue trop remuant.
Point commun de ces barbouzeries : museler la contestation, manipuler l’opinion, montrer une belle vitrine. Mais dans l’arrière boutique ça dézingue : dans certaines académies, les profs grévistes en février dernier ont fait l’objet de procédures disciplinaires ; d’autres ont été mis en dispo par le rectorat, ce qui permet de ne pas compter les jours de grève pour leur retraite...
Les personnels précaires sont fortement touchés eux aussi : dans notre académie, un certain nombre d’AED n’ont pas été repris à la rentrée de septembre, notamment dans les établissements où la contestation a été forte en début d’année 2020. Dans un lycée de haute-Saône, des profs ont été sollicités pour remplacer les AED grévistes lors de la grève du 1er décembre ! En d’autres temps on les aurait appelés des jaunes, mais aujourd’hui on se contentera de poser la question : et si on demandait aux AED de remplacer les profs grévistes, est-ce que ceux-ci trouveraient acceptable de voir leur grève ainsi cassée ?
Le visage autoritaire de ce gouvernement apparaît de plus en plus clairement ; la loi sur l’école de la confiance et la loi de sécurité globale convergent vers un même but : faire taire la contestation, par tous les moyens. Une raison de plus de se mobiliser le 26 janvier.