A l’heure actuelle, les dirigeants de tous bords ont de plus en plus de difficultés à accepter d’autres opinions que la leur. Les journalistes parlent de « voix dissonantes », comme si la société était un chœur où chacun se devait de chanter à l’unisson, ou alors de « grogne », de « colère » des salariés, comme si leurs revendications n’étaient pas le fruit d’une réflexion rationnelle.
Pour neutraliser toute opinion contradictoire, le rectorat, comme le ministère, dispose d’une cellule « communication » qui a pour objectif de donner aux médias une image bien léchée du système éducatif tout en préservant les hauts responsables de pans entiers de la réalité. Cela passe par une stratégie d’obstruction pour certains sujets qui déplaisent : refus de laisser les journalistes rentrer dans certains établissements et pas dans d’autres, refus de laisser parler certains profs et pas d’autres, cadrage de la ligne éditoriale de certains médias... En parallèle, le terrain médiatique est occupé constamment, des événements d’importance variable sont en permanence créés. Monsieur le Recteur paie souvent de sa personne et visite beaucoup d’établissements. Mais qu’en voit-il vraiment ? Au collège de R., qui dispose de deux cours, les personnels autorisés à voir le recteur sont dans la première, les autres priés de rester dans la seconde... Au collège de B., les personnels ne sont pas invités à la fête d’inauguration de leurs propres locaux ! Les plus anciens d’entre nous se souviennent alors du pape qui était passé devant des favelas de carton-pâte pour ne pas avoir à se frotter à la foule…
Le dernier épisode en date a eu lieu au collège de Bethoncourt. Avertis par hasard de la venue du Recteur au collège, les militants du SNES-FSU de l’établissement ont demandé à le rencontrer pour lui parler notamment des élèves en grande difficulté, et de la façon de mieux les aider au sein du collège. Ce problème n’a jamais fait l’objet d’une réflexion collective pour mettre en place des solutions efficaces, la valorisation des élèves déjà encouragés ou félicités par le conseil de classe étant privilégiée.
Le jour-même, d’autres profs avaient été conviés à une table ronde avec le Recteur et des personnalités. Pourquoi pas tous les enseignants ? Lorsqu’il est venu parler à la délégation, le Recteur a d’abord fait semblant d’écouter, puis, très vite, a accusé le SNES d’être toujours dans l’opposition, de ne voir que ce qui va mal et de refuser le travail en équipe. Un tableau idyllique de tout ce qui se fait dans le collège lui avait été manifestement brossé lors de la table ronde dont il sortait. Il a donc clairement pris parti sans essayer de se faire une idée précise de la situation et sans s’interroger sur le fait que les représentants SNES aient tenu à le rencontrer. Et la délégation a eu droit à des propos palpitants : "Il faut y croire… " On ne réussira que collectivement…" "Vous ne pouvez pas tout résoudre…" "Non, le niveau des élèves ne baisse pas…"
Les membres de la délégation ont eu vraiment l’impression qu’il s’agissait d’une remise au pas. Monsieur le Recteur est ouvert à la discussion… à condition que l’on soit d’accord avec lui.
Il serait naïf de croire que ce positionnement est celui du seul recteur : les chefs d’établissement, eux aussi, ont des tendances autocrates de plus en plus marquées. C’est ainsi que des représentants du SNES ont pu s’entendre dire qu’ils « semaient la discorde dans l’équipe »… parce qu’ils présentaient une liste aux élections au CA ! Dans un autre établissement, le proviseur a dit que le conseil pédagogique « n’était pas une réunion syndicale »… alors qu’il l’avait ouvert à tous les profs ! Sans parler de la multiplication de manœuvres qui relèvent clairement du harcèlement. Si vous êtes concerné-e par ce type de situation, il vous faut :
– noter au jour le jour tous les incidents,
– les inscrire dans le registre hygiène et sécurité,
Et surtout prendre contact rapidement avec la section académique